l’Ukraine

mars 12, 2022 0 Par Mathias Weidenberg

2,5 millions de réfugiés ont quittés l’Ukraine.
La Roumanie ne fait pas partie de Schengen : il va falloir aider ce pays, car il est une voie de garage.
Plus de un million d’ukrainiens travaillaient déjà principalement en Pologne. Les Ukrainiens formaient la première nationalité des étrangers en Pologne. La Pologne se retrouve également dans une situation particulière quant à l’accueil des réfugiés et il faudra l’aider.

Répartition des réfugiés au 11 mars

En Allemagne vivaient déjà des dizaines de milliers d’ukrainiens sans compter ce que l’on appelle les „russes allemands“ qui ne venaient pas tous de Russie, et qui, considérés descendants de minorités allemandes, ont reçu la nationalité allemande. Beaucoup de réfugiés traversent la Pologne pour l’Allemagne, les services de la police fédérale estimaient à au moins 110 000 le nombre de réfugiés déjà arrivés au 11 mars, mais un grand nombre de réfugiés n’ont pas été enregistrés, passant dès la Pologne dans l’espace de Schengen. A Berlin, des volontaires sont tous les jours à la gare, prêts à accueillir ceux qui ont besoin d’aides, et des hébergements provisoires ont été construits en face de la gare. Les camps de réfugiés construits en 2015 au moment de l’accueil de 900 000 Syriens sont peu à peu réactivés.
La ville ne vit plus que des demandes des uns et des autres pour des logements de proches d’amis ou des familles de collègues en transit.
Hongrie et Slovaquie ont aussi des frontières communes avec l’Ukraine et accueillent des réfugiés.
L’Ukraine comptait 51 millions d’habitants au moment de la chute du mur, et n’en comptait plus que 44 millions avant l’attaque russe. Le pays n’est pas seulement en train de subir des destructions matérielles, des pertes humaines. Le mouvement de fuite des habitants, surtout des femmes et des enfants, va avoir des conséquences de long terme.

L’Union européenne est une nouvelle fois en dix ans le dernier refuge du monde pour un peuple fuyant la guerre chez elle. Bien sûr, l’extrême droite n’ose pas repousser ces réfugiés ci comme elle refusa d’autres, après tout, ils sont européens.
Mais cela illustre à quel point nous devons prendre conscience et de nos responsabilités mondiales, et du caractère fondamental, indépassable, de la solidarité comme valeur existentielle.
La concurrence des marchés non faussés comme la compétition des nations sont des idéologies de guerre. Elles nous ont fait dévié du chemin pris après la seconde guerre mondiale. Les lubies néolibérales et les valeurs au cœur de la construction récente de l’Union sont aux antipodes de ce qui est aujourd’hui nécessaire.
Nous devons construire une union démocratique, solidaire, confiante et généreuse, et non performante,efficace, concurrentielle et compétitive.
Il n’y a à l’heure actuelle rien de plus efficace, performant, sur un marché concurrentiel et compétitif, que les drones de fabrication turques pour tuer dans leurs chars des soldats russes envahisseurs de l’Ukraine. Ce n’est pas ces valeurs là qui permettrons de retrouver la paix ou la prospérité partagée. Et c’est bien qu’au nom de la profitabilités, de compétition des nations, des excédents budgétaires, que l’Allemagne choisit la dépendance au gaz et pétrole russe, inspirant au président russe le sentiment d’une impunité garantie.

Soyons solidaires, faisons confiances aux initiatives collectives, soyons généreux, et construisons démocratiquement cet havre de paix.
Il y a du travail : il va falloir transformer l’Union Européenne.
Il en va de notre humanité, de notre devoir aux réfugiés, de notre réponse à la menace fasciste russe.

L’autocratisme russe

Le problème d’une culture autocratique, et son caractere propre, est d’être incapable de faire vivre des débats en son sein. Rapidement, la chaîne du pouvoir devient celle de l’information. La courtisanerie s’installe, les enjeux de promotion au sein de la cour l’emportent sur les enjeux réels, et les sphères du pouvoir s’éloignent des réels.
Le patron des services secrets russe, le pauvre gars que l’on vit, pendant la réunion du conseil de défense russe filmée deux jours avant l’invasion de l’Ukraine, bafouiller, cherchant à deviner la nouvelle ligne officielle de Poutine l‘humiliant pour lui donner le contenu attendu, à donc été mis en résidence surveillée.
Poutine rendrait responsable les courtisans d’un système autocratique de l’échec du plan initial d’invasion. Celui-ci prévoyait un effondrement en quelques jours, et le ralliement d’un partie des civils notamment de la partie orientale aux forces russes, ce qui aurait dû produire des images de l’armée russe accueillie en libératrice là où ont lieu en réalité les combats les plus violents des fronts est et sud.
Quelques généraux auraient été relevés de leurs fonctions pour la légèreté et le dilettantisme de la préparation des opérations de prise de Kiev. L’histoire ridicule d’un convoi de 60 KLM de long qui n’en finit pas de ne pas arriver à Kiev, un Godot blindé que l’on vit immobilisé mais jamais au rendez-vous, victime d’embuscade, avec des troupes mal nourries, et des véhicules en panne d’essence, ne peut passer pour un potentat magnifiant la force, la puissance, et le succès.
Depuis, Lavrov, l’un des courtisans toujours en vogue auprès du président russe, explique que la Russie n’a attaqué personne et envahit aucun pays. C’est une offensive de défense. Le 2 septembre 1939 aussi, Hitler prétendait à la radio que „depuis ce matin, nous répliquons aux tirs adverses“ polonais, après avoir fait mettre en scène par ses services secrets l’attaque d’une radio séparatiste germanophone.
On est pas au niveau de 2003 en Irak, mais on est quand même dans la même catégorie de crimes. En c’est bien pire que les crimes dont devrons rendre compte les dirigeants français quant à l’extension illégale de leur Mandat onusien en Lybie en 2011.

https://de.euronews.com/2022/03/12/putin-wegen-ukraine-sehr-unzufrieden-geheimdienstchefs-unter-hausarrest

Dès lors que la culture du régime vit du chef absolu, le réel ne peut plus être analysé ou discuté. Chaque acteur ne présente que la part de vérité qui lui permets d’obtenir un avantage compétitif par apports aux autres courtisans. C’est un système où l’homme de pouvoir perds la confiance dans les rares compagnons capables de lui donner la contradiction, car le système ne peut produire que cela. Il n’y a pas besoin de psychologie particulière. Même un système présidentiel comme le français produit de tels phénomènes en permanence.
C’est pourquoi les systèmes parlementaires sont les pires systèmes politiques, à l’exclusion de tous les autres.

Une hypocrisie

J’avoue que la période pandemique, qui n’est pas finie, m’a permis, en réduisant considérablement mes voyages professionnels, de retrouver une qualité de vie, qui de plus est certainement plus durable.
Cette semaine, cependant, j’ai repris la pendule de train entre le nord et le sud de l’Allemagne.
A l’aller, 40 mn de retard, arrivée bien tardive.
Au retour, et bien à peine dans le train qu’il est annoncé un « défaut technique » et l’incertitude totale du conducteur sur l’heure de départ.

Il ne s’agit pas ici de se plaindre de quelques heures perdues. Les trains allemands sont pleins de gens avec de nombreux bagages qui ont perdus non des heures, mais leurs maisons et leurs proches.

Simplement, le héros de la social démocratie européenne, qui est actuellement à Moscou pour convaincre son meilleur ami d’arrêter le massacre en Ukraine pour sans doute sauver sa position d’administrateur d’une entreprise russe, le père des fameuses « réformes structurelles nécessaires » que notre président en voie de réélection a si bien copié, partageant l’admiration que lui portaient tant Sarkozy que Hollande, avait tout fait pour privatiser la Deutsche Bahn
Elle ne s’en est jamais vraiment remise.
La chancelière, héroïne des europeiistes de droite et gauche, avare comme Harpagon, qui choisit par avarice de se donner énergétiquement à l’ours russe, refusa obstinément les investissements publics nécessaires à remettre à niveau une entreprise si nécessaire. Elle préféra subventionner Lufthansa et aéroports.

Ces deux désagréments sont les conséquences directes de politiques publiques imbéciles depuis plus de 20 ans, accompagnées de choix stratégiques énergétiques et politiques mêlant naïveté et stupidité, par cupidité ou avarice, sur fond d’une union européenne de concurrence favorisant les égoïsmes sur les collaborations.

C’est un fait pour moi sans importance, je ne fais que revenir chez moi.

Mais ce fait révèle toute la pelote des fils qui firent croire à Poutine que l’occident dépendant de lui, il pouvait impunément envahir un territoire souverain.

Il y a un lien direct entre l’obsession du marché et la dépendance énergétique.
Bien plus que les gauchistes anti américains, ce sont les gouvernements européens des 20 dernières années qui furent les complices corrompus de Poutine par cupidité financière, et qui en firent les marche pieds d’extrêmedroite partout en progression.

Johnson navigue dans un océan d’argent russe. Cela explique la faiblesse des sanctions britanniques et ses tentatives de médiation, toutes vaines et hors sol.
Il y a quelques semaines, la presse s’offusquait de ses nombreuses parties fines en plein confinement au frais du contribuable, aujourd’hui, le focus est de plus en plus l’ampleur de la corruption russe dans son propre entourage.
Ah, ça me fait penser, de qui Benalla, l’ami de Macron pour qui il prononça les mots « qu’ils viennent me chercher », usurpateur d’identité officielle pour frapper des opposants, possesseur de passeports diplomatiques illégalement, condamné par la justice à 3 ans de prison pour violences et immixtion dans la fonction de policiers, fut ensuite garde du corps? Ah oui, un oligarque russe.

La corruption des régimes les rends vulnérables à toutes les manipulations cupides des puissances étrangères.
L’extrême droite européenne comme les libéraux nagent dans des océans d’argent corrupteur.

Notre Défense

Il y a plus de 100 ans, voilà ce qu’écrivait Jean Jaurès sur l’organisation de La Défense nationale :
« Bien loin que la France doive se laisser entraîner par l’exemple de l’Allemagne à concentrer sa force militaire dans son armée de caserne et à dédaigner ses réserves ou à ne les utiliser qu’imparfaitement ; elle doit au contraire développer sa constitution militaire selon ses tendances, son génie propres, c’est-à-dire selon la loi idéale d’une pleine démocratie pleinement pacifique : elle doit élever toutes ses réserves à être la grande et véritable armée active. L’irréparable désastre de son esprit comme de son indépendance nationale, ce serait d’être une impuissante contrefaçon de l’Allemagne militaire ; la première et essentielle revanche, prélude de toutes celles qui suivront sans violence et par la seule force du droit, c’est de libérer des prises du militarisme allemand la pensée française. De fortes milices démocratiques réduisant la caserne à n’être qu’une école et faisant de toute la nation une immense et vigoureuse armée au service de l’autonomie nationale et de la paix ; voilà, dans l’ordre militaire, la vraie libération de la France. Elle n’est que là. »
C’est un plaidoyer pour l’armée de citoyens.

J’étais opposé, appelé en caserne, en 1995, à l’abandon du service militaire pour une raison simple : la conscription oblige l’armée à rester intégrée au corps social, et oblige le corps social à prendre conscience de sa vulnérabilité.
A l’époque, les stratèges travaillaient sur les « territoires gris », c’est à dire sur la perte de contrôle de territoires en France même qui pourraient servir aux traficants ou à des groupements terroristes. C’est ce que l’on appelle aujourd’hui « le séparatisme ».
L’option de supprimer le service militaire par contre suivait deux logiques politiques :

Introduction d’un article non publié en juin 1995
  • à court terme, récupérer pour un pouvoir politique conservateur une popularité auprès des jeunes, notamment des jeunes hommes.
  • à moyen terme, fermer des casernes, supprimer les coûts croissants des objections de conscience et des services civils, qui de plus, dans l’esprit des conservateurs, étaient autant d’obstacles à la marchandisation des métiers du lien et du service, de l’associatif et du culturel.
    Les moyens économisés étaient censés renforcer les moyens militaires pour des troupes d’élites projetables sur des territoires extérieurs, étant entendu qu’en guerre conventionnelle en Europe paraissait improbable et donc inutile à prévenir.

Les territoires gris se sont étalés, mais sur la carte du monde. Nos forces militaires ont été gaspillées dans des opérations aux objectifs politiques douteux et aux objectifs militaires confus, comme en Lybie ou en Afghanistan, dans des opérations sans succès possible car sans accompagnement économique et politique comme au Mali, des opérations confuses en Syrie.
En même temps, notre capacité à penser nos territoires, nos espaces urbains, notre défense commune, a profondément diminuée. Les attentats répétés entre la fin du quinquennat Sarkozy et le quinquennat Hollande ont révélé l’ampleur d’une désorganisation de nos capacités défensives face aux territoires gris, où terroristes de toute obédience et trafiquants se mêlent et s’arment.
Par ailleurs, de gros doutes pèsent sur notre capacité dissuasive. Nous avons des ogives, mais avons nous vraiment les moyens de les amener sur le territoire d’un agresseur potentiel?

La République française est née d’un réflexe de survie de notre Nation face à un envahisseur promettant de massacrer les parisiens en cas de victoire.
C’est la levée en masse d‘une Nation pour sa liberté et son indépendance qui entraîne la chute d’un roi comploteur et traître, qui négociait avec ceux qui promettaient de massacrer son peuple.

C’est pourquoi l’idée même du service militaire fut longtemps associée aux masses révolutionnaires, à la subversion sociale de la République. Les bourgeois préféraient la conscription par tirage au sort, où le bourgeois achetait un pauvre pour faire le service à sa place et en être libéré.
Après tout, lorsque la santé publique se crée en France, ainsi que la première loi limitant le travail des enfants, c’est pour augmenter le taux de conscription dans la classe ouvrière et la réduire dans les classes paysannes et bourgeoises, et ainsi alimenter l’armée des colonisations monarchistes puis impériales. C’est un roi qui conquiert l’Algerie, qui étends le comptoir royal du Sénégal tout en maintenant la traite des esclaves, un empereur qui mets pied en Indochine, qui échoue au Mexique.

Voir mon article : https://librechronique.net/2019/09/15/la-question-sociale-vue-dun-liberal/


Il fallut la défaite de 1870 et la victoire de la République pour que le service militaire devienne progressivement universel masculin en 1905. Il aura fallu, en 1889, obliger les religieux à le faire aussi.

La presse allemande rends compte du retour de nombreux ukrainiens en Ukraine, abandonnant leurs études et leurs emplois, pour rejoindre la defense de leur pays. L’armée ukrainienne n’est plus celle des professionnels bien équipés, mais celle des citoyens organisés en milices, avec de l’armement léger, et la connaissance du terrain. C’est, on le voit sur Instagram, Twitter ou Tik Tok, une Nation en armes.
On l’a vu, même une ville considérée comme « russe » par les Russes est l’objet de bombardements terriblement destructeurs, comme autrefois en Tchétchénie, en Syrie. Kharkov est devenu un symbole de la destruction de l’impérialisme russe comme Bagdad est celui de l’impérialisme américain.
L’Ukraine russophone était considérée par les conseilleurs obséquieux du président russe comme alliée par nature.
C’est la même erreur que faisait la Prusse regardant chaque alsacien germanophone comme un allemand en attente d’être libéré de la domination française. Ce n’était pas le cas, de nombreux alsaciens germanophones quittèrent leurs vies et leurs villes et villages pour s’installer du côté français de la frontière, obligeant l’Allemagne à repeupler les territoires conquis. Lorsque l’Alsace et un bout de la Lorraine furent reprise, la majorité des alsaciens saluèrent les français.

J’avais écrit les deux choses suivantes en 1996, dans une réponse à un éditorial dans Libération que je n’eut pas le courage d’envoyer:
“Quelles sont les menaces ?
Le terrorisme? Les réseaux de criminalité, type maffias de la drogue? Les États du Sud? Les puissances financières, capables de miner l’économie d’un pays en agissant sur les taux de change? Le spéculateur Georges Soros? La Russie, parce qu’après tout, on sait pas trop ce qu’elle va devenir? L’Allemagne réunifiée, parce qu’après tout on ne sait jamais ce que nous réservent nos voisins d’outre-Rhin? La Chine même? »
Oui, ça date de 1996…
Et aussi:
« En cas de conflit conventionnel classique il ne faut pas se faire d’illusions : les unités équipées de matériel technologique avancé serons sacrifiées pour ralentir la progression ennemie pendant que les réserves serons mobilisées et équipées d’un matériel plus simple. »
Je tentais ensuite de tirer les leçons des trois grandes guerres qui ont accompagné la fin de mes études et mon service militaire : la guerre du Golfe, où les américains, en 1991, s’arrêtèrent devant Bagdad pour éviter des affrontements urbains potentiellement meurtriers, ce que la campagne de 2003-2004 devait confirmer, la guerre en Yougoslavie où des armées de bric et de broc ralentirent suffisamment la progression d’unités blindés yougoslaves puis serbes pour permettre aux deux nations, croates et bosniaques, de subsister, et la Tchétchénie où la Russie subissait en milieu urbain encore défaites sur défaites face à des forces faiblement équipées.

Je notais aussi ceci : la tendance à la « fonctionnarisation » des armées professionnelles. Pendant mon service, j’avais vu un officier enrobé se donner des notes sportives supérieures à ses hommes les mieux entraînés. Je rappelais qu’au moment des Malouines, l’armée professionnelle britannique avait constatée l’inaptitude au combat d’unités entières bureaucratisées et en surpoids. Cette fonctionnarisation est à l’œuvre partout, c’est celle qui nous a laissé un système de santé publique incapable de réagir vite et massivement aux débuts de la pandémie, contribuant à l’installation endémique du Covid, qui ne nous quittera plus. On avait plus de structures comptables et de directeurs administratifs que de stocks de masques et de concepts d’intervention sanitaire.

Je rappelais enfin les conditions militaires de la chute de Srebrenica et le massacre des civils malgré la présence d’unités militaires professionnelles théoriquement bien équipées, des casques bleus néerlandais, chargés de leur protection. Les milices motivées étaient bien supérieures, tant en nombre qu’en détermination. 5000 civils en payèrent le prix.

Contrairement à une amnésie récente, le monde n’a jamais été un océan par temps calme.
La déflagration de 1991 dans le Golfe a lieu alors qu’au même moment s’effondre l’Ursss et s’achève la déliquescence du Comecon, alors que la guerre yougoslave commence, un an avant les premiers affrontements à Grozny, et le début de la guerre civile algérienne, et qu’une crise financière sur fond de prêts immobiliers douteux frappe le système bancaire américain.

La séquence 2001-2002-2003 et les convulsions suivantes, sur fond d’explosion de la bulle spéculative des startups et de crise de gouvernance du capitalisme avec le scandale Enron ne furent surmontées que pour aboutir à une variante globalisée de la crise bancaire américaine de 1989-91, la crise des dettes privées immobilières américaines de 2008, contaminant des 2010 la crédibilité des dettes publiques.
Cette crise de 2008-2011 ne s’est pas doublée d’une crise militaire globale. Elle fut résolue par un formidable transfert de richesse et de pouvoir des classes populaires vers les classes supérieures.
Et depuis, ces dernières se battent farouchement pour conserver leur nouveaux acquis, même si cela signifie accélérer la crise climatique, rester sourd à l’extinction de masse, et ignorer les menaces pandémiques en découlant.

2020 présente la facture du refus d’analyser un monde de tempêtes en croyant, parce que le bateau a des stabilisateurs, qu’il fait beau temps.
2022, cette guerre de retour, était inéluctable d’après les principaux previsionistes fondant leurs travaux sur l’étude de l’histoire.
Trop de contradictions accumulées, de dette publique, de dette privée, de tensions inflationnistes, dans un monde sans instance de médiation internationale, et la notion même de droit international dégradé tant par l’occident, la Russie ou la Chine.

Dans ce contexte, il faut bien avouer que les débats présidentiels français sont dérisoires. Il serait particulièrement naïf de croire que le choix d’une personne résoudra un problème mondial de cette ampleur.
L’inquiétant, c’est que notre nation, nos citoyens, ne se posent plus ces questions au moment de choisir, en 4 votes, la structure politique chargée de les conduire dans la tempête.
Il est pourtant évident qu’une structure d’abus de pouvoir comme il est endémique avec Macron et l’extrême droite ne peuvent que nous conduire à des difficultés supplémentaires.
Il est essentiel de corriger nos institutions en choisissant qui vous pensez en avril, et d’autres partis que le sien en juin.
On n’unira pas la Nation par un fait du verbe ou par l’autoritarisme d’un clan victorieux.

Et c’est là que je regrette si fortement l’absence de forums de débats pluriels et contradictoires, si nécessaires au vue des dangers.

En attendant, voilà la conclusion de cette réflexion alors que le 8 mars est férié à Berlin : le droit des humains ne peut être garanti sans la paix. Étendre aujourd’hui les droits des femmes passe par défendre le principe même du droit. Défendre la République, c’est défendre le droit contre l’arbitraire. Cette défense, face à la loi du plus fort, doit être celle des plus nombreux.
Et c’est là que l’on se rends compte que la Nation, c’est bien autre chose que les fantasmes rances des Zemmour et Le Pen.
Notre Nation a connu la gloire en créant l’idée du droit universel, jusqu’à l’abolition des esclavages et l’égalité des droits juifs des juifs, intégrés à la Nation.
Il est dès lors absurde de croire que notre définition doit s’arrêter devant la peur de baïonnette russe, ou de foulards islamiques.
Mais ces riches qui affaiblissent la Nation rêvent bien que nous ayons peur.

Le sauvetage passera non par le vote, mais par l’union des forces.

L’Allemagne

J’ai écris hier un pamphlet anti Merkel quant à sa responsabilité dans la crise menant à la guerre en Ukraine. Je ne l’ai pas publié. Mais il faudra s’en souvenir.
Voici ce que m’inspire cependant les changements de paradigme radicaux du gouvernement allemand.

L’Allemagne a connu une transformation progressive puis radicale de ses positions économiques au sein de l’Union.
Face à la montée de l’extrême droite, et du terrorisme d’extrême droite, le Brexit et la montée des forces politiques pour un Frexit, et le maintien de déséquilibres profonds des échanges tant au sein de la zone euro que des échanges mondiaux, l’Allemagne a progressivement reconstruit des instruments de relance de sa demande.
Depuis la pandémie et la relance keynésienne « Bazooka » de 2020 elle a aussi commencée à jeter à l’eau l’ordoliberalisme autoritaire. Elle a en Europe ralliée une position suspendant le traité Merkozy sur la règle d’or et tolérant des mécanismes de transfert.
Ces deux évolutions engagée dès 2015 ont créé des tensions et contradictions qui ont abouti en 2017 à l’échec de la coalition bourgeoise droite-verts-liberaux. Cet échec a entraîné la perte progressive du pouvoir de Merkel et la division de la droite conservatrice entre deux lignes, l’une ultraliberale et l’autre populiste nationaliste.
Fin 2018, la perte de la présidence de la CDU par Merkel représentait le début d’un processus de désagrégation du parti ordoliberal par excellence.
Le succès de la coalition SPD-Verts-Liberaux de 2021 liquide le merkellisme. La droite s’enfonce dans des querelles internes dont l’aile néolibérale sort pour l’instant vainqueur, pendant que SPD et Verts annoncent de grands programmes d’investissement publics dans les retraites et la transition énergétique.
En février 2022, sous la pression de la guerre, les libéraux du FDP se rallient à une politique d’investissement public et d’endettement pour aussi remettre à niveau une défense allemande qui sous Merkel est passée de 1,4% de PIB à 1,15% de PIB.
Le FDP pourtant identifié comme l’une des forces politiques néolibérale justifie face aux attaques des orthodoxes ordoliberaux de la CDU cette politique de « dette de la liberté », un terme absolument nouveau dans un pays traumatisé par 16 ans de discours culpabilisateur tant vis à vis des pauvres surendettés que des pays endettés.
En 2021, les augmentations de salaire nominal ont dépassé les 3%. Ils n’ont pas permis de complètement rattrapé une inflation qui la dépasse. Mais la volonté de mettre fin aux déséquilibres s’illustre aussi dans des lois de plus en plus nombreuses de contrôle des loyers au niveau régional. Un consensus semble exister pour une loi fédérale.
Dans ce contexte, et vue la crise énergétique inévitable avec l’abandon de Nord Stram 2, qui visait à éviter l’Ukraine, montrant l’absolue hypocrisie de Merkel vis à vis de ce pays et sa responsabilité dans les événements de 2014, les Verts annoncent prolonger les centrales nucléaires.

C’est à dire :
Le SPD a liquide le Schroederisme et remis des politiques actives de soutien du pouvoir d’achat des salariés au cœur de son action.
Les Verts ont accepté d’endosser un renversement de la doctrine énergétique en échange d’un renversement idéologique de même nature des libéraux du FDP sur la dette publique et l’investissement.

La puissance financière de l’Allemagne ne servait à rien sous Merkel. Dès octobre 2021, la nouvelle coalition annonçait des évolutions majeures dans ce domaine, et cela s’accélère, dans un contexte où l’Allemagne change de doctrine également sur la solidarité européenne.

Ce qui me frappe, c’est que ces évolutions profondes à l’œuvre depuis la crise interne à la CDU de 2018 et les pogroms neofascistes de Chemnitz de la même année, qui sont également indirectement l’une des causes de l’échec de Aufstehen de Wagenknecht, n’aient pas trouvé place dans l’évolution de l’analyse du monde et de l’Europe des candidats français à la présidentielle, ni d’ailleurs dans le ronronnement de celui au pouvoir.

Contre Merkel

Une vue du Time sur l’arrêt de Nord Stream 2 qui relativise tout le discours sur la politique allemande « agressive » vis à vis de la Russie depuis 2014:
 » The 55 billion cubic meter (bcm) capacity Nord Stream 2 pipeline was ONLY AN EFFORT TO BYPASS AND DAMAGE UKRAINE.
Thus, once Russia holds Kyiv, Nord Stream 2 instantly becomes redundant as a tool of aggression against Ukraine.
Just as instantly, the sanctions against it become meaningless beyond symbolism, and even then only as a symbol to the West. »

Je traduis: l’Allemagne, vue comme une alliée de l’Ukraine, avec Merkel supportant le Maidan en 2014, a « en même temps » continuée avec une touchante obstination a mettre en place un Nord Stream 2 permettant à la Russie d’éviter l’Ukraine pour livrer son gaz, indispensable à la transition énergétique allemande après le retrait du retrait du retrait du nucléaire décidé par Merkel en 2011 dans la précipitation.
C’est á dire qu’en se disant pro-démocratie, Merkel, qui en même temps écrasait la démocratie grecque, rendait l’Allemagne dépendante de la Russie de Poutine.

En plus, elle mena une politique économique entre 2011 et 2013, avec le soutien de Sarkozy puis de Hollande, provoquant une mini récession européenne en plein boom mondial.
La Grande Bretagne y vit l’apparition d’un profond mouvement social qui inspira aux conservateurs, Cameron le premier, une très active campagne anti-Union Européenne, l’austérité des Tories devant être oubliée grâce à un bouc émissaire, le migrant européen (polonais, bulgare ou français). Cette campagne de diversion fut si efficace qu’en 2016 Merkel perdait son allié britannique pour contrôler la France sur un vote de Brexit.
Merkel eut aussi une politique de defense constante: surtout, ne rien dépenser.
Persuadée que la situation excédentaire de l’Allemagne suffisait à sa puissance, elle ne s’est jamais préoccupée d’investissememnt public, de défense militaire ou technologique, de développer des politiques favorables aux mères salariées et donc à la fécondité.
Par cela, elle a choisi un modèle où les employeurs allemands vont chercher les profils qualifiés dans des pays ayant payés la formation, pour les employer chez eux sans avoir à subir le poids de cette formation par des impôts finançant crêches, écoles, lycées, universités d’enfants non nés en Allemagne.
C’est un peu comme si les clubs de football formateurs n’étaient jamais indemnisés par les clubs professionnels lorsqu’ils mettent les jeunes talents sous contrat…
Merkel a fait bien pire: alors que les migrations à l’intérieur de l’Union Européenne contribuaient au climat anti-européen au Royaume Uni, à la crise d’identité polonaise et hongroise et au succès de ses partis national-populistes, sur fond d’une migration du travail de plus d’un million d’ukrainiens en Pologne pour compenser les 3 millions de Polonais partis à l’Ouest, elle prit toute seule, dans la précipitation et sans préparation, la décision d’ouvrir ses frontières au mépris du traité de Dublin, provoquant non seulement un appel d’air mais aussi une profonde méfiance de tout l’Est européen.
Pour y répondre, elle décida de rendre l’Union Européenne dépendante de la Turquie de Erdogan, créant avec lui le même système de contradiction qu’avec Poutine sur l’énergie, et préférant donner des milliards à ce pays plutôt qu’á … la Grèce pour empêche le passage des migrants.

Entêtée, elle laissa tomber les contingences géopolitiques tel que contenir l’islamisme en Afrique, dans les pays détruits par Sarkozy et BHL, en Afghanistan, en Syrie, en Irak, en Turquie, en Europe à d’autres.
Mais quand la France fut agressée sur son sol par les islamistes avec plus de 300 morts en plusieurs attentats sanglants, elle refusa et la solidarité de la défense mutuelle du traité de l’Union Européenne, et le droit d’investir dans sa défense par des moyens budgétaires exceptionnels.
Persuadée que la Deutsche Bank est le meilleur de l’Allemagne, elle a protégée cette institution contre tout.
Elle a aussi refusée obstinément toute avancée sociale dans le pays, le SMIC fut fait contre sa volonté, le mariage pour tous également, et ses refus de tout investissement dans les territoires finit par créer la renaissance de la bête.
L’extrême droite est devenue en Allemagne non seulement une force parlementaire à plus de 10%, mais aussi le principal risque terroriste en Allemagne, avec plus de 30 morts en 5 ans. Merkel a nommée en 2011 responsable des services secrets un militant de son parti sympathisant de l’extrême droite, et ne l’a retirée que contrainte et forcée en 2018…

L’Allemagne vient de transformer fondamentalement son discours sur la dette publique, la solidarité européenne, la défense européenne, son rôle aussi de payeur dans l’affaire, ses priorités énergétiques et la définition des principes de sa diplomatie.
C’est sur tous ces sujets un virage à 180 degrés par rapport à Merkel.
Son héritage européen, c’est une guerre.
Son héritage intérieur, c’est la négation de ses doctrines par ses successeurs.

Probablement qu’elle restera cependant, alors que les conséquences de ses choix ont préparé les vagues inflationnistes actuelles, aggravées la destruction du climat et du vivant qui s’est accéléré entre 2010 et 2020, comme la chancelière de la stabilité et de la paix avant le chaos, la chancelière de la « belle époque ».
Que ce serait injuste.

10 ans j’ai critiqué ses politiques comme à courte vue, myopes, dangereuses, catastrophiques. Elle ne vivra pas les conséquences de ses actes au pouvoir. Mais on y est.

C’est Poutine qui a envahi l’Ukraine.
Mais Merkel porte une lourde responsabilité dans la déstabilisation du continent européen.

Tous les partis allemands se sont plantés sur l’Ukraine.
Tous se demandent quelles leçons tirées.
Le chancelier Scholz, qui a exclu catégoriquement hier de sortir la Russie de Swift, est sous le feu de la critique BDR sa propre coalition.
En même temps tous les partis sont choqués par l’état réel dans lequel la CDU et Merkel ont laissé la Bundeswehr. Celle-ci a évoqué son impuissance à protéger le territoire national en cas de conflit classique. Elle est littéralement à sec, dans l’état, pour vous donner une comparaison, des stocks de masque et des chambres de réanimation en France en mars 2020.
Merkel n’a pas eu de chance avec ses ministres : l’un dut démissionner après avoir dissimulé qu’un bombardement de la Luftwaffe à Kundus en Afghanistan avait tue près de 100 civils.
Un autre quitta le ministère après avoir été reconnu coupable de plagiat pour son titre de docteur en droit. Depuis, il est aussi impliqué dans le scandale Wirecard – où on trouve aussi des agents secrets doubles servant la Russie et des ploutocrates ukrainiens comme russes – comment chef lobbyiste ayant du l’oreille de Merkel.
Une troisième fut expurgée vers la commission européenne alors que des enquêtes révélaient des millions d’euros de contrats de consultants accordés sans appel d’offre pour des missions peu pertinentes. C’est elle qui aujourd’hui est censée coordonnée la réponse européenne à l’agression russe…
Cela montre une constance dans la médiocrité.

l’Allemagne sous Merkel a refusé de réfléchir en géopolitique. Le mercantilisme a tout dominé.
Voilà d’ailleurs ce qu’écrivait le TAZ, le libération allemand, en novembre 2014 au moment de l’annexion de la Crimée :
« Que lira-t-on sur l’Allemagne dans cent ans par rapport à « 2014 « , l’année de la guerre en Ukraine, de l’Etat Islamique et de la crise permanente en Europe du Sud ? Des discours de Merkel enveloppés dans de la ouate comme celui qu’elle a tenu devant le Bundestag. Selon l’éditorialiste, si Angela Merkel possède un bon instinct pour les problèmes de politique intérieure, elle manque de sensibilité pour les dangers qui menacent dans le domaine de la politique extérieure. Jusqu’ici, croit l’éditorialiste, elle a pu compenser cette faiblesse par des discours soporifiques. Parce que l’Allemagne a profité de la crise de l’Union européenne et que ni la crise en Ukraine, ni l’échec de la révolution arabe n’ont eu de conséquences notables sur le plan politique interne. » »
Un an plus tard, Merkel multipliait les décisions incohérentes, brisant la solidarité européenne et les reins grecs, brusquant l’Europe de l’Est en suspendant illégalement le traité de Dublin, refusant en novembre 2015 la solidarité militaire et financière à la France attaquée par l’état islamiste.

L’Allemagne n’est pas prête à ce conflit avec la Russie. 16 ans de « discours soporifiques » l’ont anesthésiée. Elle se réveille et découvre qu’en 16 ans, si elle est plus riche, elle est plus vieille, et sans défense.

Il n’est plus temps, notre devoir est de soutenir l’agressé

Bon alors je vais faire mon coming out : je n’ai jamais supporte le Maidan.
J’estimais en 2014 désastreux que Merkel soutienne ce qui s’y passait sans aucune retenue ni recul, ni cohérence par ailleurs avec la dépendance au gaz russe qu’elle organisait pour offrir une « transition energetique » neutre socialement à son electorat.
Les 2 frères Klishko avaient fait un superbe travail de RP en Allemagne alors qu’ils sont ouvertement nationalistes populistes. L’apparition des milices armées neonazies sur le maidan est visible avant même le renversement d’un président, certes corrompu et pro russe, mais démocratiquement élu dans une élection non contestée.
Pour moi, accepter cela c’était ouvrir une boîte de pandore terrible, car des lors, tous les putchs contre des présidents élus devenaient légitimes, et on vit par la suite l’application de la technique en Amérique du Sud.
J’ai donc toujours eu une attitude ambivalente vis à vis de l’Ukraine et trouva rassurant l’élection d’un pro russe – sauf que la situation ne se résolut pas, montrant bien que Poutine voulait aller au delà d’une Ukraine vassalisee, un peu à la Biélorussie.
J’ai tout du long du merkellat critiqué la dépendance à la Russie au nom d’intérêts mercantiles. Merkel ici était en pleine contradiction permanente entre son souci mercantile et ses engagements geopolitiques anti russe. Cette contradiction fut source de profondes confusions, même si parfois elle put jouer l’entremetteuse entre Russie et UE.

Lorsque Zelensky fut élu, c’était d’abord sur un agenda anti corruption, et une surprise. Je n’en attendais rien. Vue la situation extrêmement complexe, il n’avait pas le profil pour être à la hauteur diplômatique, et il ne le fut pas.
Cette faiblesse a créé un effet d’aubaine pour un Poutine qui avait montré à l’Arménie, en laissant l’Azerbaïdjan entrer avant de siffler la fin de la recre, qui était le maître, et vu en Biélorussie que les occidentaux n’étaient pas en mesure de déstabiliser Lukashenko mais que la répression du mouvement populaire l’avait remisé en vassal obéissant.
Il restait donc à fermer le flanc ukrainien.
La nouvelle coalition allemande n’ayant résolue aucune des contradiction et confusions du merkellat affirma son engagement pour la liberté et la démocratie « vas y Zelensky » tout en affirmant accélérer la sortie du charbon et du nucléaire en misant sur le gaz russe…
Car sans gaz russe, la transition va coûter très cher aux allemands, et obliger deux révisions idéologiques majeures : soit renationaliser le secteur de l’énergie, soit relancer charbon et nucléaire (et sans doute, les deux).
On comprends bien qu’il y a là des contradictions réelles auxquelles se superposent les liens financiers des élites germanophones et russes, la corruption endémique que révèle par exemple le scandale Wirecard où oligarques russes et services secrets ukrainiens et russes jouent un rôle. DACH, le toit de l’Europe, (l’abréviation en allemand de Allemagne-Autriche-Suisse forme le mot pour dire le « toit », Dach) est à la fois le cœur industriel et financier et la vulnérabilité profonde pour la sécurité européenne.
En toute logique, Merkel, qui doit lire Mélenchon, a menée un désarmement de l’Allemagne et l’aurait bien imposée, au nom du traité Merkozy, à toute l’Europe.
En matière diplomatique, économique, et militaire, elle fut à l’Europe ce que Laval fut à la France au début des années 1930.

Comme Biden est faible, et affaibli aux US où 2 sénateurs de son propre parti le bloquent sur tout, et concentré sur le Pacifique et Taiwan, l’invitation était là pour Poutine à pousser ses pions.

A partir du moment cependant où un état souverain est agressé par un autre état souverain, je suis du côté de l’agressé.

J’étais pour la coalition pour sortir l’Irak du Koweït en 90-91, contre le Kosovo 99 contre Irak 2003. J’étais contre l’invasion de l’Afghanistan en 2002.
En toute logique, mes réflexions vont donc dans deux sens :

  1. Rétablir la souveraineté sur son territoire de l’agressé.
  2. En défendant les intérêts vitaux de mon pays et son espace de sécurité, l’Europe.
    Pourquoi ?
    Parce que la situation n’est ni révolutionnaire ni internationaliste. On va pas s’allier à l’extrême droite catholique qui veut casser de lorthodoxe ni à l’extrême droite russe qui veut bouffer de l’occidental.
    Donc l’espace souverain où nous avons un rôle c’est celui où il y a un vote en 2022: le notre.

Liquidons le néolibéralism

La guerre a lieu.
Elle est pas loin – la circonscription législative où j’habite inclut une ligne de front, aux confins de la Roumanie.
Une guerre ne se jauge pas en terme moral, mais militaire.
Les russes ont mené une blitzkrieg ce qui a surpris. Les forces ukrainiennes sont manifestement dépassées, mais réagissent sur certains points du front.
Pour nous, il y a des questions militaires qui se posent.
Dans quel état se trouvent nos forces conventionnelles? Avons nous la determination nécessaire pour faire de notre dissuasion une réalité?
A quel moment, sur quelle ligne privilegions nous les forces terrestres, à quel moment le nucléaire?

Pendant 7 ans, j’ai tenté d’expliquer que le poids des dépenses publiques par rapport au PIB n’a augmenté qu’à 3 types d’événementsdampleur mondiale entre 1907 et 2017 : guerres mondiales, crise financière, crise petroliere.
En 2020 s’est ajoutée la crise mondiale pandémique.
J’expliquais que les politiques les plus efficaces contre ce poids des dépenses publiques n’étaient donc pas celles baissant les dépenses- à chaque fois le PIB a encore plus ralenti et le ratio s’est même dégradé- mais celles anticipant, pour les empêcher, les crises mondiales, par la coopération internationale par exemple, l’investissement public, la définition de doctrines claires, le soutien du système de l’ONU, et l’état stratege pour créer de la croissance.
Et bien voilà, en attente de la crise climatique- ou plutôt, ce sont des prolegomenes, des préliminaires, nous aurons eu depuis 2017 une crise pandemique et donc une guerre européenne.

Voir ici pour plus de détails https://librechronique.net/2019/04/08/a-propos-de-la-part-des-depenses-publiques-dans-le-pib/

J’ai grandi à une époque où la France pouvait frapper de trois manières. J’ai fait mes classes militaires sur l’une des bases où nous testions nos missiles. J’y ai appris les bases de la défense antiaerienne avec le canon de 20mm.
Aujourd’hui, nous n’utilisons plus le missile ballistique
Quels sont les territoires considérés comme faisant partie de notre integrite territoriale ? La Pologne ? La Moldavie? Ou seulement l’Allemagne ?
L’Allemagne justement se réveille nue. Merkel a refusé obstinément, pendant 16 ans, d’investir dans la défense, de construire des champions industriels européens de la défense, de tendre la main de l’amitié à la France sur ces questions. Sa myopie budgétaire, son obsession excédentaire ont dominé sa politique, incohérente sur l’Europe de la défense, l’attitude vis à vis de la Russie, le rôle de l’Allemagne dans l’Otan. Elle a perdu deux ministres de la défense sur des scandales – l’un suite au bombardement de civils de Afghanistan, l’autre parce qu’il avait plagié sa thèse.
Elle a perdu une troisième qui, mise en cause dans un scandale d’attributions de contrats exorbitants à des cabinets de conseil privés – et oui, cette logique est européenne- fut envoyée presider la commission. Enfin, AKK, qui se plaint aujourd’hui du manque de solidarité avec l’Ukraine, fut seulement incompétente.
On paye le prix aussi de ces 16 ans de glaciation mercantile.

Mais bien sûr, l’agresseur c’est Poutine. Il n’y a pas à hésiter : l’adversaire bombarde et entre dans le territoire d’un état souverain.
Il a préparé, depuis 2014, son affaire. Nous, nous n’avons rien préparé. Nous n’avons pas de doctrine, ni de catalogue de sanction, ni d’instances automatiques de débat entre alliés dans le cadre de cette doctrine. Nous abordons finalement la Russie comme la pandémie.

Et c’est bien parce que nous avons déjà deux ans de guerre pandemique derrière nous que nous n’avons plus le droit d’être pusillanime, de procrastiner, ou de chercher chacun pour soi à s’en sortir.
Les dirigeants de la gauche française ont parlé de sécurité mutuelle européenne. Macron n’a pas été mauvais cette fois, plus humble que d’habitude. Qu’il laisse son premier ministre convoquer le parlement ou qu’il réunisse le congrès, il faut sortir du clanisme habituel et laisser les représentants debattre.
Toute la Nation doit être associée à la définition des chemins possibles de notre avenir.
Il faudra aussi mettre les alliés financiers de Poutine devant leurs contradictions. Comment se dire nationaliste et accepter l’argent d’une puissance étrangère ?
Il va falloir aussi s’interroger sur la ligne éditoriale d’un groupe de presse au service d’une candidature pro-russe et se demander s’il reste de l’intérêt national de conserver le groupe industriel qui est derrière.
Tout est lié.
La guerre comme la crise pandemique révèle ces liens.

Je ne pense pas que l’armée française aura besoin du caporal-chef Pouydesseau. Ma vue basse n’aura pas d’effet positif sur la visée d’un avion ou d’un missile.
Mais il va falloir se demander comment servir au mieux la République.

@ Mathieu Pouydesseau