La hausse du nombre de pauvres, outil de la baisse du chômage de Macron
A propos du bilan de Macron : il l’avait tout annoncé dès son projet il y a cinq ans.
Les transfuges du PS qui ont rejoint et sont restés chez Macron ont bien appliqué un programme d’injustice sociale, d’inégalité économique, de destruction des institutions républicaines, et d’affaiblissement national annoncé dans le projet de 2017.
Je l’avais lu très attentivement.
Voici par exemple ce que je disais début mars 2017 du programme emploi de Macron. Vous allez voir que c’est exactement son bilan en lisant l’article du monde faisant son bilan.
« De plus, et c’est bien là vu d’Allemagne le paragraphe le plus éclairant de tout son programme, Macron annonce que des 60 milliards d’économie, pas moins de 23 seront réalisées sur le dos des chômeurs.
Il y est fait mention d’une réduction de ce montant avec un chômage ramené à 7% de la population active, permettant d’économiser 23 milliards de dépenses sociales, sans préciser comment et à quel rythme.
Macron dit également prendre exemple, toujours sur son site, sur ces autres pays européens qui auraient réglé leur chômage de masse.
L’Allemagne est sans doute l’exemple qu’il a en tête.
En nommant d’ailleurs le chômage de masse comme le problème fondamental, Macron méconnaît surtout une chose.
Le chômage est la raison pour laquelle un autre problème plus douloureux et pérenne mine la démocratie : la pauvreté, et la souffrance sociale associée, qui est une conséquence du chômage.
Or, si l’Allemagne, en apparence, montre un taux de chômage réduit – avec une démographie négative, il meurt chaque année plus d’allemands qu’il n’en nait, et l’immigration ne compense pas complètement, le taux de chômage est en effet passé de plus de 10 à 6% – son taux de pauvreté est bien lui plus élevé depuis bien plus longtemps qu’en France!
Il est dans le même temps passé de 15 à 16,5% des allemands!
L’Allemagne a réduit son chômage en remplaçant des chômeurs indemnisés et pouvant se recycler professionnellement par des salariés pauvres et précaires pendant de longues durées.
Une étude a démontré que les salariés touchant le RSA allemand en complément de leurs bas salaires le touchent en moyenne … dix ans. Or, la réforme Schroeder en question fut mise en place définitivement il y a … dix ans.
Les salariés pauvres sont condamnés à le rester.
Un allemand sur 6 est pauvre, un salarié sur dix a besoin des distributions alimentaires type resto du cœur pour nourrir sa famille.
Beau plein emploi…
En réalité il y a trois situations sociales : un secteur privé du service concentrant un tiers d’allemands appauvris, un marché privé destiné aux exportations industrielles avec un tiers de gens très bien payés, plus qu’en France, et un secteur rentier, retraites et pensionnés, auquel on peut ajouter la fonction publique, se faisant rogner chaque année un peu plus.
Hors catégorie sont environ 7% des allemands qui ont considérablement accru leur part de la richesse nationale.
Preuve de plus, le nombre d’heures travaillées en Allemagne s’est … réduit depuis 2002, la semaine moyenne de travail est passée de 41 à 35 heures avec PERTE DE SALAIRES équivalentes et réduction des indemnités chômage pour forcer les salariés à accepter la manœuvre.
Dans les secteurs exportateurs la semaine de travail moyenne est restée stable à 41h, le reste de l’économie a vu des salariés travaillant et payé autrefois sur 41h travailler aujourd’hui et être payé 31 à 32h. Soit une perte de 25% de rémunération… Et on ne parle pas ici du mécanisme de subvention du chômage partiel appliqué entre 2008 et 2010 pour surmonter la crise, ce dispositif visait justement les emplois les mieux formés et rémunérés, permettant de profiter de suite de la demande mondiale lorsqu’elle est repartie, du secteur exportateur.
Forcer les coupes dans l’indemnisation des chômeurs est de toute façon prévue, Macron prévoyant de baisser les cotisations sociales – c’est à dire ce qui finance les indemnisations en cas de coup dur – pour « distribuer un treizième mois » à des smicards, qui ne pourront l’épargner, et qui donc, en cas de coup dur, devront tout accepter même l’indigne, l’humiliant, leur absence de cotisation les privant du revenu futur de l’assurance chômage. »
Et c’est bien son but ultime : arriver en 2022-2023 à créer comme en Allemagne un système de capture des pauvres dans la pauvreté avec une politique de contrôle punitive les privant de leur liberté individuelle, comme Harz4 en Allemagne qui a piégé 5 millions d’allemands pendant 15 ans dans ce statut.
Or, c’est appliquer les recettes de 2002 en 2022 alors que l’Allemagne depuis 2015 détricote le schroederisme merkellien.
Comme en 2012 où Hollande appliquait les recettes de 1992 ou en 2007 avec Sarkozy appliquant les recettes de 1987, Macron est un homme du passé.
Le Monde mars 2022 :
« La baisse du taux de chômage cache aussi l’émergence d’une nouvelle forme de précarité : le travail à la tâche, souvent qualifié d’« ubérisation de la société », est l’un des principaux marqueurs économiques du quinquennat Macron.
Celui-ci s’est en effet caractérisé par l’explosion de l’autoentreprenariat. En 2021, près d’un million d’entreprises a été créé, dont 641 000 microentreprises, dont le statut est connu pour son instabilité (un tiers seulement survit au bout de cinq ans), sa faible rémunération (environ 590 euros par mois en moyenne) et sa vulnérabilité (dans certains cas, il s’apparente à de la dissimulation d’emploi salarié, souvent subie).
Des perspectives incertaines
Autre motif d’inquiétude : malgré la vigueur économique de la reprise post-Covid-19, l’année 2022 pourrait être difficile sur le marché du travail, si l’on en croit l’Observatoire français des conjonctures économiques. Dans une note publiée en octobre 2021, ce dernier craint un ralentissement des créations d’emplois et une remontée du chômage, qui pourrait atteindre 8,2 % de la population active en France : « En 2022, les créations d’emplois seraient moins soutenues et la population active progresserait plus rapidement que l’emploi, ce qui se traduirait par une hausse du chômage (+ 45 000 chômeurs en fin d’année par rapport à fin 2021). Le taux de chômage progresserait ainsi de 0,2 point. »