Le pillage de la Nation

avril 2, 2024 0 Par Mathias Weidenberg

En 1983, la France est sans doute au maximum de socialisme réel dans son histoire.
Le gouvernement de coalition socialiste, radical et communiste, vient de procéder à une vague de nationalisation d’entreprises privées complétant le rôle de l’Etat architecte de l’économie que les nationalisations de la Libération en 1945 avait engagé.
Ce rôle, c’est un héritage historique, datant au moins du Colbertisme, mais aussi partagé par les premiers républicains de 1793-1795.
Le gaullisme, notamment celui de Chaban Delmas, que Pompidou écarta pour favoriser les premiers néolibéraux français, concevait le capitalisme comme un ordre à dompter avec l’Etat Nation comme son chevalier.
De Gaulle n’a jamais pensé privatiser.

Mais en 1983, on est au summum d’une France que les éditorialistes de droite décrirons comme “communiste”.
35% des exportations sont le fait d’entreprises publiques. D’ailleurs, la balance commerciale est équilibrée en 1985.
Près de 30% de l’industrie, 70% de l’énergie est en main publique.

À l’époque, l’industrie, c’est 20% de l’économie.
À l’époque, le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat de la France est le troisième de l’OCDE, devant les États Unis.

40 ans plus tard, jamais l’Etat dans l’histoire de France ne s’était autant retiré de l’économie privée.
Résultat : le capitalistes français ont bradés les actifs à l’étranger, s’enrichissant considérablement tout en appauvrissant la France.
L’industrie ne constituant plus que 8% de son économie, la France est en déficit commercial permanent, lui coûtant 3 points de PIB.
Le PIB par habitants en parité de pouvoir d’achat est l’avant dernier de l’OCDE.

Lorsque les éditorialistes de droite accusent les chiffres actuels d’être la “preuve” que notre pays crève de “communisme” c’est bien le contraire.

Notre pays crève de l’égoïsme capitaliste, qui n’a rien de patriotique.

Car si les dépenses publiques sont si importantes dans le PIB, qui est la somme des activités économiques publiques et privées, c’est parce que les capitalistes français se sont enrichis en détruisant l’activité économique privée.
Notre PIB n’a pas progressé au même rythme que ce que sa population et son talent lui aurait dû permettre de croître.
La trahison des élites françaises est là: alors que les dépenses publiques croissaient normalement, les élites françaises ont tout vendu à bas prix.
80% de l’activité, prospère en main publique, qui fut privatisée entre 1993 et 2020, n’existe plus aujourd’hui. Leurs fournisseurs, leurs bassins d’emplois ont aussi disparus. Les expertises technologiques ont été perdues.
Mais les plus riches français ont empoché l’argent de la trahison économique de la Nation.
1% des Français empochent 86% des dividendes. L’intégralité du montant des aides publiques aux entreprises couvre la croissance de la rémunération par dividendes et rachat d’actions ce ces riches français.
Jamais la France n’a connu autant de milliardaires parmi le top 100 des plus riches du Monde.
Mais la France est passée du 13eme rang mondial en richesse produite par habitant au 24eme rang.

L’atout France, de 1984 à 2024, c’était une démographie dynamique.

Les élites françaises ont trahies la jeunesse française.

En bradant tous nos actifs industriels, les élites françaises se sont gobergées, mais en même temps, elles ont fait plonger l’investissement dans l’avenir de la Nation.

Alors que les privatisations ont ramenées 130 milliards sur 30 ans, les propriétaires d’entreprises ont tellement pleurées qu’elles ont obtenues que l’Etat les refinance à hauteur de 130 milliards …. Par an, sans condition ni contrôle ni contrepartie.
À ce coût, il serait plus avantageux pour l’Etat de renationaliser ce qui reste de l’industrie française.

Ce mouvement est accompagné par les contraintes structurelles européennes. Celles ci n’expliquent pas tout, elles ne peuvent pas être utilisées comme des excuses ou des circonstances atténuantes.

Depuis 1986, les droites néolibérales, y compris celles dissimulées un temps au Parti Socialiste avant de rallier Macron, ont conduit un travail de démolition nationale sans précédent.

L’extrême droite, en faisant diversion de cette extraordinaire entreprise, dissimulait son attachement aux mêmes principes néolibéraux quant à la conduite de l’économie.
En créant un faux clivage, progressisme contre nationalisme, l’existence du Front National puis du Rassemblement National a été le meilleur allié de ces traîtres à la Nation. D’ailleurs, la famille Le Pen s’est bien enrichie tout au long de la période. Elle est tout autant complice que prétexte.

La France a un déficit public plus élevé que prévu par effondrement des recettes fiscales : la France n’arrive pas à produire autant de richesses pour satisfaire les prévisions des néolibéraux qui gouvernent, et qui les premiers privent la France des moyens de produire des richesses.

C’est un scandale sans nom depuis 45 ans.

Il n’y a qu’une alternative : l’alliance des socialistes, des communistes et des radicaux.

Il n’y a qu’une seule liste aux Européennes à le faire : la liste de la Gauche Unie avec Léon Deffontaines et Emmanuel Maurel.

Article repris par défis républicains

http://defitsrepubl.canalblog.com/?fbclid=IwAR3CXQzOCJnmgLGaWBwqzvTPy-yeLDtzBPX96Q_oOGuG4UrbtWTI7XU87qE_aem_AcDgwvLtF1Gs11P-gyzyUNMIeqJTvMJ7YO2RngRt9eLYK4gz-XbbbopuTeic7ppoxeY