Pour renaître, le Phœnix doit mourir

Pour renaître, le Phœnix doit mourir

octobre 6, 2023 0 Par Mathias Weidenberg

On nous dit : la coalition électorale de la Nupes est la seule perspective.

Le vote nupes – et donc, où la nupes n’a pas convaincue

bien qu’imparfaite tant programmatiquement

  • le programme, écrit en trois semaines, fait la liste de nombreux points de désaccords, notamment sur l’Europe, qui sont renvoyés à un dialogue programmatique ultérieur pour tenter de trouver des compromis
    à l’efficacité électorale moindre qu’attendue
  • la coalition obtiens 133 députés sous ses couleurs alors que les sondages oscillaient entre 175 et 220, notamment suite à une faible performance des candidatures LFI en zone rurale et face au RN –
    et ne rassemblant pas toutes les gauches
  • entre les anciens alliés de LFI expulsés de l’accord et les forces politiques s’en tenant à l’écart volontairement on est à 3 à 7% des votes exprimés ayant voté tant aux législatives de 2022 qu’aux partielles depuis autre chose à gauche –
    La Nupes serait le seul espoir de la jeunesse
  • contrairement à ce que l’on lit, il n’y a pas eu de rebond de participation des jeunes en 2022 grâce à la campagne présidentielle de Melenchon où la campagne législative de la Nupes. Les écarts de participation selon l’âge se sont accrus en vingt ans. Seuls 28 % des moins 30 ans ont voté au second tour des législatives en 2022, contre 59 % des 65 ans ou plus, soit 31 points d’écart. C’était 25 points en 2002 (45 % contre 70 %). Source Insee
    Et la Nupes ne fait pas le plein de l’électorat populaire
  • 69% des classes employés et ouvriers se sont abstenus aux législatives en 2022. Sur les 31%, seulement un peu plus d’un tiers, soit 12% des votes classes populaires, ont voté Nupes, 19% préférant la,droite ou l’extrême droite.Et pourtant, sans avoir construit de forums de débat sur les questions programmatiques non résolues, sans campagnes communes pour recruter la jeunesse, pour reconquérir les territoires populaires, la Nupes, qui n’arrive pas à dépasser la discussion tactique sur des élections, confirmant être une alliance électorale et non un dépassement idéologique des organisations la composant, devrait être la réponse unique à tous les problèmes.

C’est absurde et stupide.

La Nupes n’est pas la principale force arrivée en tête dans les territoires

La priorité, loin devant l’exigence quasi maffieuse, sous les intimidations, les menaces et les chantages d’une des des composantes, de listes communes aux Européennes, c’est de créer à la fois les forums démocratiques où les sujets qui fâchent serons discutés, où les militants trancherons par des votes, où après les votes des synthèses serons travaillées par les représentants élus des partis, et décidées selon les dynamiques des composantes les stratégies d’implantation dans tous les territoires et milieux perdus par la gauche, ce qui implique d’associer au dialogue programmatique les composantes de la gauche qui en sont tenues à l’écart, où se tiennent volontairement à l’écart de la coalition électorale.

Les classes populaires monoparentales ne votent pas Nupes elles ne votent pas, laissant le RN dominer ces territoires

Ce n’est qu’après un tel travail, qui réclamera bien plus de temps que celui nous séparant des Européennes, qui elles mêmes sont très loin des élections nationales suivantes, qu’on pourra envisager une alternance à gauche.

La France Insoumise connaît de profondes contradictions internes avec des lignes différentes et des interprétations nuancées selon les territoires où ses 75 députés ont été élus comme selon les histoires militantes de ses forces locales. C’est ainsi que la radicalité de groupes locaux que le national a refusé de rappeler à l’ordre a entraîné en 2021 le divorce de LFI et de la gauche républicaine organisée par la GRS, les radicaux de gauche et le MRC, les groupes locaux trahissant aux municipales les accords nationaux, et LFI laissant à ses petits alliés les factures des campagnes régionales.
De plus, à l’époque, LFI purgeait les tenants des lignes laïques et républicaines, c’est l’ascension des indigénistes et d’une ligne electoraliste privilégiant les banlieues des grandes villes sur les classes populaires des territoires, recyclant la stratégie des droitiers du PS connue sous le nom de “Terra Nova”.
Le succès est éclatant : 100% de succès dans le 93, et 90 députés RN issus des territoires.

Les bastions urbains de la Nupes sont des bastions à haut revenus médians et fortes inégalités locales.

L’analyse électorale le démontre : Melenchon ne finit pas devant Le Pen au premier tour de 2022 – non pas à cause des candidatures émiettées des organisations traditionnelles de la gauche, il fait le plein des voix utiles et les voix qui ne sont pas sur lui ne seraient pas allées sur lui aurait-il été candidat unique à gauche – mais bien parce qu’il gagne dans les grandes villes, il le perds dans les territoires qu’il avait conquis en 2017. Ces électeurs là ont d’ailleurs plutôt choisi labstention.
Du coup, Le Pen, qui a aussi progressé en 2022, a progressé justement dans ces territoires là, conservant son avance.
La bascule électoralistes de 2020/21 – certains pensent qu’elle date de 2019 et est une réponse radicale aux perquisitions de fin 2018 autant qu’une analyse erronée des Gilets Jaunes – de LFI, qui l’empêche d’ailleurs de s’organiser pour les municipales et les régionales, la privant de grands électeurs pour les sénatoriales, est la principale cause des difficultés actuelles de ce mouvement.
Or, tant cette bascule que les choix de dirigeants, de ligne politique, d’investissement des moyens financiers du mouvement, sont effectués dans une extrême opacité. Il n’y pas pas de démocratie interne, seulement un simulacre plébiscitaire rappelant plus les grandes heures de “l’empire libéral” de Napoleon le petit que la souveraineté rendue au peuple dans les affaires le concernant.
C’est ce qui est exposé avec les différentes affaires – candidatures contestées pour violences sexistes, l’épisode honteux autour d’un homme reconnaissant frappé sa femme, le début de l’épisode Chikirou – car dès lors qu’aucun instrument interne d’arbitrage et de construction de compromis n’existe, les enjeux politiques deviennent des enjeux de personnes.

Illustration de l’impossibilité du débat démocratique interne

C’est le triomphe de la bobinette au niveau de l’organisation, et par conséquent, qui a péché par la bobinette périra par la bobinette.

J’étais persuadé que le PS de 2015, parce qu’il refusait en interne ses instruments statutaires, devenus formels, de construction de compromis démocratiques, de synthèses, et ne tenait même plus compte de ses propres textes votés pour privilégier les logiques de loyauté personnelle aux baronnies ou aux hommes en pouvoir, allait crever et devait crever. C’est ce qu’il s’est passé.


Mais LFI est dans la même crise fondamentale, sans le simulacre formel de démocratie interne qu’étaient devenus les congrès du PS et ses instances.
Il est à espérer cependant que la crise de LFI n’explose pas en 2027, car on a vu comment la crise du PS fin 2016 a produit début 2017 Macron, mais bien plusieurs années avant, pour permettre de nouveaux départs.
Mais cette crise est, du fait de l’échec électoral, et des contradictions internes, tout aussi inéluctable.
Le plus vite, et le plus radical, le mieux.

La culture plébiscitaire française unit le macronisme et le Melenchonisme