
La sédition, le racisme, l’autoritarisme : le destin de la cinquième république accompli par Macron
Aujourd’hui, c’est l’anniversaire du renversement de la Quatrième République par une foule séditieuse, violente, raciste, s’alliant à l’armée pour menacer d’une guerre civile.

S’emparant d’Alger, cette foule manipulée par des militants d’extrême droite que l’on retrouvera au FN exigera le retour du général de Gaulle au pouvoir, sans élection.
Il l’obtiendra, et de Gaulle ira à Alger promettre à la foule séditieuse, « Je vous ai compris », de se battre pour l’Algérie française.
La cinquième république est l’enfant d’une sédition de l’extrême droite et l’armée et du mensonge d’un général à cette même foule.
Le général de Gaulle organisera la fin de l’Algérie francaise, et les séditieux du 13 mai 1958 à Alger serons rapatriés en France « pieds noirs », moins de 5 ans plus tard, pendant que les algériens ayant choisi la France, les harkis, serons abandonnés aux massacres en Algérie ou cantonnés à la misère et au racisme en France.
Pour faire avaler toutes les couleuvres, la cinquième république usera du référendum. Dès sa création, le régime est plébiscitaire. C’est dans l’esprit de cette constitution. Les français inquiets d’une guerre civile possible voterons donc pour la constitution de la cinquième république – ils avaient aussi approuvé la constitution de la quatrième par référendum – et ils voterons aussi pour de Gaulle au suffrage universel, confirmant la légitimité plébiscitaire du nouveau régime. Ils mettrons fin également par référendum à sa présidence, après que la foule, gauche et syndicats, gauchistes casseurs déjà présents, manifestant, aient échoués à le faire en mai 68.
Voir le conseil constitutionnel et le pouvoir actuel, tout en se réclamant de la légitimité plébiscitaire en réduisant la démocratie au résultat de l’élection présidentielle, rejeter les appels et les dépôts de lois en vue d’un référendum, c’est d’une ironie tragique.
Voir le régime, tant face aux gilets jaunes que face au front syndicat unitaire, rejeter les revendications et la légitimité des manifestations est une formidable amnésie de l’origine même de la cinquième république.
Elle naît dans les manifestations, dans les cortèges pour, d’extrême droite et conservateurs, et les cortèges contre, arrachant des compromis institutionnels – maintiens du préambule de la quatrième république, établissant son caractère social, et qui constitutionnalise sécurité sociale et retraites par répartition, desynchronisation des cycles électoraux pour garantir un contrôle de l’exécutif par l’élection intermédiaire.
Toute l’histoire de la cinquième république est indissociable de la légitimité issue des mouvements de rue :
– manifestations républicaines des gauches du 28 mai 1958, manifestations réprimées dans le sang des travailleurs algériens d’Octobre 1961 à Paris, le sang encore des militants communistes à Charonne en 1962,
mouvement de mai 68 sur fond de grève générale et manifestations des gaullistes de la fin mai singeant la manifestation monstre des vrais républicains du 28 mai 58,
manifestations monstres conduisant à la victoire des gauches en mai 81, manifestations monstres des droites religieuses faisant tomber l’alliance des gauches en juillet 84, manifestations des jeunes faisant vaciller le gouvernement Chirac de l’hiver 86,
manifestations monstres faisant vaciller le gouvernement Juppé en 1996 et conduisant à la dissolution et la cohabitation de 1997,
manifestations monstres de 2005, et trahison du résultat du référendum contre l’esprit même de la constitution,
manifestations monstres de 2013 des droites religieuses, échouant à renverser le régime, mais confirmant la conversion de la gauche social libérale à la doctrine militaire de l’encadrement des manifestations,
manifestations monstres contre la loi travail de 2016, réprimées dans la violence, celles du 1 mai 2018, réprimées par la violence illégale des militants politiques Benalla et Crase, 60 ans après le 13 mai 58, celles de novembre-décembre 2018 et l’année des Gilets Jaunes, réprimées dans la violence, celle enfin du front syndicale unitaire, pacifiques tant que Macron n’avait pas imposé le 49.3 à sa ministre, violemment réprimées depuis.
Les vrais républicains se rassemblerons le 28 mai 1958.
Je ne peux m’empêcher de penser, quand je lis l’entretien croisé de Bernard Cazeneuve et Clémentine Autain, que Cazeneuve, en mai 1958, aurait choisi, avec Guy Mollet, de ne pas manifester pour la République.
Car c’est bien cette gauche là, sociale libérale ou fabiusienne, qui imposera la destruction du seul contrôle souverain dans la cinquième république – l’élection intermédiaire du parlement pouvant provoqué des cohabitations entre une présidence d’un bord et un parlement d’un autre bord – et qui, par la pratique politique soumise au hollandisme entre 2012 et 2017, dans la jurisprudence donnée par la Presidence du conseil constitutionnel, choisira, dans la cinquième république, le pire.
Et c’est ainsi que 65 ans après les manifestations des colons racistes, des militaires tortionnaires, de l’extrême droite ultra chrétienne, la cinquième république, régime de sédition, achève sa mue dans l’autoritarisme illiberal, au service de classes bourgeoises cupides et égoïstes.
Que Marine Le Pen, fille d’un séditieux du 13 mai 1958, représentante du parti qui prétends représenter la foule du 13 mai, puisse emporter l’élection en 2027 est dès lors dans la suite logique de cette histoire.
Le Molletisme ressurgit dans le Hollandisme et la droite libérale autoritaire europeiste ressurgit dans le macronisme. Ils aurons ainsi achevé leur rôle historique de pousser le poujadisme et le boulangisme au pouvoir.
La police en 2023 est dominée par ses syndicats, séditieux ouvertement, antiparlementaires, et faisant la loi contre leur faible et corrompu ministre. C’est aussi une constante depuis la création même de la cinquième république !
Jules Moch, ministre de l’intérieur le 13 mai 1958, sait que le patron du syndicat des policiers, Jean Dides, soutiens les foules séditieuses d’Alger.
En mars 1958, Dides avait organisé une manifestation de policiers devant l’assemblée nationale où ceux-ci avaient hurlé leur haine des députés et aussi « morts aux juifs ». Les 20 000 policiers de la préfecture de police de Paris sont considérés majoritairement « didistes » et c’est le même Jules Moch qui avait épuré les policiers communistes dix ans plus tôt, au nom des « gauches irréconciliables », en plein conflit social des mineurs du Nord.
Sans appui dans la police, Moch sera un de ceux qui lâchera la quatrième république.
Quant à Jean Dides, c’est lui qui avait poussé Jean Le Pen, ancien dirigeant du syndicat étudiant Unef qui à l’époque rassemble tant droite que gauche, à se présenter aux législatives de 1956 sous l’étiquette Poujadiste. Le jeune étudiant et parachutiste changera alors son prénom en « Jean-Marie », sera élu, et refera un tour de service dans l’opération de Suez et en Algérie, où il torturera en mars 1957.
Jean Dides lui-même député siégera toujours au « Centre républicain ». Il organisera la culture de la police parallèle, des barbouzes, dont le SAC de Pasqua, Prouteau sous Mitterrand, plusieurs sous Sarkozy, Benalla plus tard, poursuivrerons l’héritage.
Jean Marie Le Pen, qui proposera en 1957 une loi de déchéance de nationalité des terroristes en tout point semblable à celle soutenue par Valls et Cazeneuve en 2016, sera l’un de ces députés favorables au coup d’état de mai 1958.
Il sera réélu député en novembre 1958, siégeant au centre.
Et c’est ainsi que la cinquième république a toujours vue, lorsqu’il s’agissait de tout, l’alliance du centre et de l’extrême droite, la diabolisation de la gauche de la gauche parlementaire par le centre gauche, et les complaisances par lâcheté et conformité intellectuelle du centre gauche socialiste avec les effets du moment, préférant l’accompagnement des rapports de forces imposés par les forces de l’argent plutôt que la résistance. Le molletisme, le hollandisme, le Cazeneuvisme, rappellent la position du Faure de 1940, qui préfère les pleins pouvoirs à Petain plutôt que de résister avec les communistes et les républicains mendesistes.
Car c’est là la figure tragique : Pierre Mendes France, conseillé par le premier keynésien de France depuis leur rencontre au gouvernement Blum 2 de 1938, résistants tous les deux dès juin 40, aurait dû gouverner en 1956. Guy Mollet aura été le pire de toute cette gauche qui veut se couper des classes populaires en colère, trouvant la colère mal élevée.
Oh oui : le 13 mai 1958 devrait être le vrai jour férié de célébration de l’origine, et de la finalité, de la cinquième république.
Si le 8 mai 1945 est aussi une date de refondation de la République, c’est de la quatrième dont il s’agit.
On y célèbre un esprit démocratique absent de la cinquième.
13 mai 1958-13 mai 2023 : 65 ans de déchéance, de décadence, et de honte successive, conduisant ce régime à l’autoritarisme des riches.