La vie chère, moteur de la colère sociale

mars 30, 2023 0 Par Mathias Weidenberg

Je le dis, je le répète. La violence sociale se cristallise sur la voie illiberale et autoritaire choisie par ce gouvernement pour sa réforme des retraites, le 49.3, une violence dont l’opinion le rends responsable.
Mais les raisons de la colère, c’est la vie chère, en l’absence de relèvement des salaires.
Primes et autres artifices budgétaires pour rendre du pouvoir d’achat aux ménages sont de durées limitées, ne comptent ni pour les retraites, ni pour l’assurance chômage, elle-même durcie, et ont vidées, après les énormes cadeaux fiscaux aux plus riches, les caisses.
Les salaires en France ont baissés en 2022 en terme réel de presque 2%, et vont baisser, d’après la note de l’Insee de ce mois de mars 2023, de presque 3% rien que pour la première moitié de l’année.

Baisse historique des salaires réels
Les français les plus touchés par la baisse de la rémunération du travail en OCDE!


Ce sont les pires baisses des salaires réels de la cinquième république !
Pire, l’accélération des prix des premières nécessités frappent encore plus fort les ménages pauvres et modestes, et les ménages les plus riches eux profitent des effets bénéfiques de l’inflation sur leur propre niveau d’endettement immobilier.
Or, cette accélération des prix sur l’alimentation révèle les causes sous jacente de cette inflation : ce n’est pas les masses de liquidités, ce n’est pas une spirale prix-salaires, ce sont les prix de l’énergie, qui pourraient être administrés par la loi, et les prises de bénéfices des grands groupes.
Même la BCE et l’OCDE le reconnaissaient en février dernier.

Les rapports d’experts le disent : l’inflation est due aux prises de bénéfices.

L’augmentation des taux d’intérêts pour contrôler l’inflation est donc doublement stupide.
Tout d’abord, ce ne sont pas les grands groupes qui sont touchés, mais les français modestes et les classes moyennes, et la récession européenne à venir va profondément alimenter la colère sociale.
L’inflation elle continuera, puisqu’elle rapporte tant en dividendes!
Deuxièmement, les banques centrales déséquilibrent le château de carte de la finance qu’elles avaient bien du mal à tenir depuis 2010, refusant les réformes structurelles nécessaires, au nom de la cohérence de leur idéologie néolibérale en echec total.

Alors que les salaires réels, voire au dessus, stagnent entre 1981 et 2020, baissent depuis 2022, les aides aux entreprises, qui aboutissent dans les poches des plus riches, explosent, creusant le déficit budgétaire et la dette
L’augmentation des taux d’intérêts détruit les fondements fragiles du système bancaire post 2008.

C’est pourquoi le mouvement social, même en cas de censure totale de la réforme des retraites par le conseil constitutionnel, ne reviendra pas à la maison,,sage et obéissant.
Et Darmanin le sait. Il sait que la seule voie d’échappatoire pourr les classes qui financent les campagnes de Macron, c’est l’autoritarisme,et l’alliance avec l’extrême droite face à la révolte sociale.

La faiblesse profonde du mouvement politique, c’est de ne pas politiser la question de l’inflation. Les centrales syndicales sont dans leur rôle, en gestionnaire paritaire des caisses de retraite, en menant le mouvement actuel.
Mais les mouvements politiques n’ont pas encore traduits le mouvement social en un contenu politique, au delà du nihilisme institutionnel d’une frange marginale de LFI qui rêve de grand soir insurrectionnel.
Le débouché politique, c’est faire le lien entre inflation, injustice sociale, assassinat de la démocratie, et baisses de la rémunération du travail.
C’est en mettant en avant, positivement, le travail et sa rémunération, et en dénonçant l’extraordinaire goinfrerie cupide des classes les plus aisées, prêtes à tuer la democratie pour augmenter leurs marges.

Source : https://www.lefigaro.fr/conjoncture/l-inflation-s-accelere-dans-les-grandes-surfaces-20230328