Les factieux

Les factieux

mars 24, 2023 0 Par Mathias Weidenberg

La constitution de la cinquième république adoptée en 1958 est le résultat d’un compromis politique entre des forces opposées suite à une crise de régime provoquée par des manifestations, des affrontements violents avec la police, et un coup d’état militaire.
Ce sont les militaires, engagés par Guy Mollet sur la voie de la répression aveugle et la torture en Algérie, qui déclenchent le putsch à Alger, puis, s’emparent de la Corse.
Les origines mêmes de la constitution actuelle sont factieuses.

La constitution de 1958 reprends le préambule de celle de 1946 ainsi que la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

La constitution de 1946 consacre pour la première fois le caractère “social” de la République française, et précise un “droit au travail”. Ces notions ne sont pas des délires wokistes importés des États Unis récemment, mais des valeurs constitutionnelles issues de 200 d’histoire pour se libérer de l’arbitraire et du despotisme.

Notre constitution, celle que tous les jours, se prenant pour les militaires factieux d’Alger, les policiers, les préfets, les ministres et ce président si bafouent, dit ceci:
“Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et libertés de l’homme et du citoyen consacrés par la Déclaration des droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République.”

Les premiers mots rendent hommage au devoir d’insurrection.
La France est souveraine en 1944 parce qu’il y eut des résistants, parce que Paris s’est révoltée en août 1944, et libérée elle même, accueillant la “Nueve” de la 2eme division blindée du général Leclerc, elle-même constituée de républicains espagnols, qui avaient combattu trois ans contre les factieux franquistes. Les peuples qui se libèrent le font les armes à la main. En 1946, Laval est depuis longtemps fusillé.

Le caractère social de la République est définie par l’énoncé de ces droits constitutionnels qui sont toujours aujourd’hui des droits sacrés, dont toute remise en cause est factieuse. La sécurité sociale découle de la mission constitutionnelle donnée ici, et toute attaque contre la sécurité sociale est par définition factieuse.

  1. “Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances.
  2. Tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l’action syndicale et adhérer au syndicat de son choix.
  3. Le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois qui le réglementent.
  4. Tout travailleur participe, par l’intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion des entreprises.
  5. Tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité.
  6. La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement.
  7. Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence.
  8. La Nation proclame la solidarité et l’égalité de tous les Français devant les charges qui résultent des calamités nationales.
  9. La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L’organisation de l’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’Etat.”

La déclaration des droits de l’homme et du citoyen consacre deux droits que le régime foule aux pieds : dès son article 2, parmi les droits fondamentaux, à côté de la liberté, la sécurité, la propriété, est cité “la résistance à l’oppression.”


Dans son article sur la loi, qui ne peut limiter la liberté, tout ce qui n’est pas dans la loi est supposé de fait autorisé- y compris manifester spontanément- la déclaration précise que la loi doit être “l’expression de la volonté générale” et fait le lien avec la Nation, seule souveraine, et dont les représentants élus ne sont que “l’émanation”.
Tout le discours macronien sur la “légitimité des élus” qui serait supérieure à une rue “sans légitimité” est tout simplement anticonstitutionnelle et factieuse.
L’accumulation des sondages, la profondeur du mouvement social et le nombre croissant de manifestants démontrent que la volonté générale rejette tant la loi de la réforme des retraites que la méthode, sans vote de l’assemblée, choisie.
L’article 7 précise qu’il est interdit d’interpeller arbitrairement, et que toute personne donnant de tels ordres doit être puni. Or, ces ordres écrits, ces consignes orales, on les a : tant Darmanin, Dupont Moretti que le préfet de Paris Nunez sont ici des factieux donnant des ordres illégaux quant à la constitution.

Le premier article de la constitution de 1958, qui précise bien que ces articles que je viens de citer font partie de la constitution, est l’un des plus beaux et des plus simples :

“La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.”

En regard de ce premier article, nous somme gouvernés actuellement par un gouvernement de factieux.