L’inflation, l’autre vol des revenus des salariés, après la réforme des retraites

mars 7, 2023 0 Par Mathias Weidenberg

Aujourd’hui, la mobilisation française, parallèle aux actions de nombreux salariés ailleurs en Europe et dans le monde, on pense à Verdi en Allemagne qui bloque en grève tournante le secteur des services depuis trois semaines, va être historique, et déterminante pour l’ensemble des contestations sociales.

Depuis février, Verdi même des grèves tournantes, bloquant le trafic aérien par exemple les 15 et 27 février, pour obtenir +10,5% de salaires en accord de branche


On observe (source un think tank démocrate repris par un économiste spécialiste de conjoncture industrielle) depuis la reprise de l’inflation mondiale deux phénomènes :

  1. Depuis la chute des prix de l’énergie, l’inflation actuelle est alimentée non par les salaires, mais les profits des entreprises.
    Même la BCE l‘a reconnu dans une réunion fin de la semaine dernière.
    L’inflation actuelle, sans rattrapage des salaires, transfère la richesse des travailleurs aux propriétaires de capital, rémunérés par dividendes et rentes.
  2. La dégradation mondiale du pouvoir d’achat, du partage des revenus nationaux, et du coût de la vie alimente une croissance exponentielle des contestations sociales.
Le constat fait par la BCE ne va pas changer sa politique monétaire, et malgré l’absence de spirale salaires-prix, c’est une spirale profits-prix, les travailleurs vont continuer à payer.
L’institut américain Carnegie Endowement constate une augmentation exponentielle des contestations sociales dans le monde avec la montée de la vie chère

Or, la réforme des retraites en France est traduite économiquement une baisse du revenu des salariés. C’est 5% de travail en plus sur une vie, c’est une baisse de salaire sur une vie.

Le mensonge pour faire croire qu’une baisse des revenus sur une vie serait une hausse des pensions…


Ainsi, si la France connaît une inflation moins forte que le reste de l’Europe – merci le mix énergétique – c’est aussi le pays connaissant la plus faible progression des salaires depuis le retour de l’inflation.
Macron ayant peur d’une seconde vague de contestation comme en 2018, il a décidé de creuser le déficit budgétaire avec des transferts fiscaux pour tenter de maintenir le pouvoir d’achat des classes moyennes – son électorat – mais ce n’est pas pérenne, et il n’a plus de moyens budgétaires.
La réforme des retraites est donc le premier acte d’une austérité budgétaire, et d’une crispation autoritaire à venir, la politique du gouvernement tentant de découpler mouvement social et lutte contre la vie chère.

C’est toujours le même discours. Déjà, en 1841, les libéraux s’opposaient à une loi interdisant le travail des enfants au nom de la compétitivité et de la liberté de contrat. Ils s’opposaient, en 1872, aux premières caisses de retraite.

Il est donc essentiel que les revendications des organisations syndicales commencent à dépasser le cadre du rejet de la réforme des retraites pour lier cette lutte à celle mondiale pour un partage plus juste de la richesse au profit du travail.

Dans le monde entier, ce sont les ménages, les travailleurs, qui payent la note et perdent le plus dans le partage du revenu mondial.


Il faut, comme Verdi en Allemagne réclame +10,5% sur les salaires, que la revendication commence à poser l’indexation des salaires sur l’inflation, et la fiscalisation des profits actuels qui alimentent l’inflation.

Les profits n’alimentant pas l’investissement, on voit qui gagne avec l’inflation et augmente sa part de gâteau.