L’erreur est humaine, la répéter diabolique
« Il y a souvent plus de stupidité que de courage dans l’obstination. » Jean Jacques Rousseau
C’est l’échec cinglant d’une théorie économique partagée par les gouvernements Sarkozy, Hollande et Macron.
Depuis Nicolas Sarkozy, il y a une corrélation entre augmentation des aides aux entreprises par l’état, augmentation de la dette publique, et augmentation du déficit commercial.
Pire, sur la période, l’industrie, qui est le moteur des exportations des pays ne disposant pas de ressources fossiles ou minières, est passée de 14 à 9% seulement du PIB !
On nous a répèté, Sarkozy dès la commission Attali où travaillait Macron, Hollande dès le rapport Gallois et les lois CICE imposées par le ministre Cazeneuve, renforcées par le ministre Macron, et Macron avec ses ordonnances sur la loi travail, sa réforme pérennisant le CICE, ses baisses « d’impôts de production », que tout cela améliorerait « la productivite », dégageait des « marges pour l’investissement » et permettrait « le plein emploi ».
Cela fait 16 ans que cette ligne politique, soutenue par les rapports orientés de Rexecode, de l’Ifrap, les présentations biaisées des médias liés aux grands industriels, groupe Bolloré en tête, est en application.
Le gouvernement Borne se vante d’un « chômage en baisse historique » et de « création record d’entreprises ». Ce sont en réalité des conséquences négatives de ces politiques : la plupart des entreprises créés sont des entreprises individuelles de gens ayant du mal à gagner assez pour rester au dessus du seuil de pauvreté. Les chomeurs, malgré la baisse des allocations, ne trouvent rien, et se découragent, sont rayés par cohortes entières, survivant de la solidarité familiale ou de l’économie informelle.
Le taux de pauvreté en France en 2023 est supérieur à celui de 2007.
D’après l’OCDE, malgré le soutien au pouvoir d’achat, réel, pendant les années Covid, les salariés français sont ceux perdant le plus rapidement du pouvoir d’achat depuis début 2022.
Les baisses du « coût de travail » se sont concentrés sur les bas salaires, et ont créé une incitation à développer le service, avec beaucoup d’emplois partiels au taux horaire du smic, décourageant les emplois industriels, demandant des qualifications et donc, même ouvriers, mieux payés qu’un enseignant.
La perte de ressource fiscale induite par ces aides appauvrit l’Etat qui depuis proletarise sa fonction publique, décourageant les meilleurs profils de s’y engager, au point que les concours de la fonction hospitalière publique comme ceux de l’enseignement sont désertés. Nous condamnons l’avenir de la Nation et préparons la mauvaise santé de nos compatriotes !
Rien de tout cela n’a eu les effets escomptés :
– les améliorations ponctuelles de marge et de trésorerie des TPME et PME ont été accumulées en fin de la chaîne de valeur par les très grands groupes, qui ont renégocié leurs contrats dès la vote du Cice pour empocher de leurs fournisseurs l’équivalent de l’aide publique.
– ces marges n’ont pas été réinvestis mais utilisées pour rémunérer les très hauts salaires et les actionnaires, par rachat d’actions, distribution de dividendes. Les salariés touchant plus de 8000 euros mensuels ont vu leur part de la masse salariale globale progresser de 30%!
Le montant des dividendes et rachat d’actions en France sont de 15 à 20 milliards supérieurs à ceux de l’Allemagne, qui est plus peuplée de 25%, plus efficace économiquement, exportatrice nette depuis 13 ans.
– la compétitivité française s’effondre, le déficit commercial, avec ou sans énergie, atteint des records. Chaque année, la France doit trouver 80 milliards pour financer ce qu’elle ne produit pas elle même ou ne peut pas acheter avec le produit de ses ventes. C’est 80 milliards qui quittent les poches des français.
– Ces 80 milliards alimentent indirectement l’augmentation de la dette publique.
Incapable de maintenir l’industrie, de devenir soit autosuffisant sur des produits importés soit compétitifs pour augmenter les exportations au delà des importations, l’Etat, contrairement aux promesses des libéraux et des « pragmatiques », ne récupère pas de ressources fiscales, et son investissement de 160 milliards chaque année creuse le déficit comme la dette.
C’est un échec total, que nous avions critiqué en 2011, dont nous avions mis en garde Cazeneuve et Moscovici dès 2013, qui nous avaient conduit à fronder face à Macron et Valls dès 2014, à quitter le PS et rejeter LREM dès 2016.
C’était prévisible, cet échec.
Il est temps de stopper la répétition obstinée de cette erreur économique.