Les 18 thèses

Les 18 thèses

novembre 5, 2022 1 Par Mathias Weidenberg

Les 18 thèses

Prélude

J’ai longtemps, par jeu intellectuel, et par réponse sarcastique à ce que devenait le parti où je me suis engagé pendant 15 ans, la famille politique où je me rattachais depuis l’âge de 12 ans, dans l’exercice catastrophique du pouvoir entre 2012 et 2017, animé une page Facebook, un blog internet, et écrit des articles postulant le triomphe inéluctable dans le sens de l’histoire de la raison stupide.

Depuis, j’ai rejoint la Gauche Républicaine et Socialistes et ce avec raison!

M’appuyant tant sur Cippola , Toynbee, un petit livre d’histoire du marketing technologique de Chapman, les livres de Morel sur les décisions absurdes, mais aussi Erasme, la Dunciade, et d’autres, je cherchais les traces de ces moments où nous préférons des solutions stupides.

Bien sûr, c’est un jeu de l’esprit. Les déterminants réels des comportements suicidaires des civilisations sont matériels, économiques et symboliques, lorsque des classes, généralement dominantes, obtiennent une telle hégémonie, se ferment dans une telle consanguinité intellectuelle, sociale et familiale, qu’ils abusent au point de tout faire s’effondrer.

Le peuple portant le prêtre et le propriétaire

Mais l’analyse de la raison stupide m’a enseigné qu’une constante de celle-ci, c’est l’obstination en dépit des faits.

Une fable

C’est comme si un homme cherchant à franchir un lac gelé s’obstinait à le tenter en posant des enclumes tous les deux mètres avant de marcher dessus, et, sortant mouillé du lac après en avoir brisé la glace, s’exclamait “les enclumes n’étaient pas assez lourdes, et il n’y en avait pas assez!”

C’est exactement comment les sociétés occidentales, les banques centrales, combattent en ce moment l’inflation.

A coup d’enclumes sur un lac gelé.

A un moment, il y aura suffisamment d’enclumes empilées pour qu’elles atteignent la surface, et après avoir sacrifié des dizaines de poseurs d’enclumes noyés, un petit groupe privilégié traversera peut-être le lac en clamant “je vous l’avais bien dit qu’on en sortirai”.

Il découvrira cependant que le temps de poser ces enclumes, et de sacrifier tant de travailleurs, de ressources inutilement, le reste du peuple se sera choisi des fascistes et choisira de sacrifier au fond du lac encore plus de poseurs d’enclumes, et de vivre sur les enclumes plutôt qu’atteindre la rive. Au printemps, tout le monde sera emporté par la première crue.

Premier Constat

L’inflation actuelle n’a pas été annoncée par une hausse des salaires, ou une surchauffe de la production. Il n’y a pas non plus eu de contagion monétaire entre la sphère financière où circule vite des quantités de monnaies considérables et la sphère réelle.

L’inflation actuelle fait suite à une période longue déflationniste hors coûts de l’immobilier et de l’énergie.

Les modèles traditionnels de l’inflation la lient à la hausse des coûts de production, généralement par les salaires, en plein emploi, ou par la baisse des rendements forçant à une hausse nominale des prix pour compenser la perte de revenu du capital.

Comme le disait le gouverneur de la FED et celle de la BCE, une récession contrôlée est la réponse traditionnelle pour “vaincre l’inflation”. La FED a décidé hier que cette récession devait être massive, pendant que la BCE espère une récession “légère” tout en l’annonçant “insuffisante”.

Et l’on empile les enclumes, c’est à dire les hausses de taux d’intérêts.

Second Constat : la globalisation a baissé les salaires

Les salaires et leur part dans le revenu national cumulé des nations occidentales sont pourtant d’une manière constante depuis la bataille de l’inflation – déjà stupide – des années 1970 en baisse. Cette tendance lourde et constante depuis 50 ans a alimenté la défiance de l’état, la victoire de libertaires ultra-libéraux, puis celle de l’extrême droite.

Celle-ci a réussi ainsi à gouverner en même temps les États Unis, le Brésil, à influencer la pratique du pouvoir d’un libertaire ultra-libéral populiste, et issu d’une riche famille de l‘establishment britannique, et des pays membre de l’Union européenne et acteurs de la politique déflationniste de l’industrie allemande.

La réalité est mesurée depuis des décennies, fait l’objet d’études constantes et de mises en garde de groupes aussi gauchistes que l’OCDE ou les économistes de la BSI : la part des salaires dans le revenu mondial baisse.

Même en Chine, la tendance à la baisse des salaires est observée depuis 15 ans au moins dans la répartition du PIB ou de la valeur ajoutée.

Troisième constat : d’où vient alors l’inflation ?

Or l’inflation est un phénomène que tous les modèles relient aux salaires. Ce que nous observons cependant c’est que les salaires, qui représentaient 75% de la valeur ajoutée avant les réformes financières et monétaires du début des années 70, ne représentent plus que 58% à 60% aujourd’hui, perdant une influence considérable dans la constitution des phénomènes économiques contemporains.

Ces évolutions sont analysées intensivement dans de nombreuses publications. Dans un rapport de l’OCDE de 2012, il était en plus observé qu’au sein même des salaires les inégalités s’accroissaient .

Les 1% les mieux payés des salariés avaient alors augmenté de 20% en moyenne des pays de l’OCDE leur part du gâteau salarial.

Une étude de l’Insee de 2020 sur les hauts salaires en France a démontré que ce phénomène s’est même accéléré depuis – la part des salariés à plus de 8000 euros mensuels dans la masse salariale totale a progressé de 30% depuis 2010!

L’étude de l’OCDE démontrait également que les perdants de ce déséquilibre profond de la distribution des salaires c’étaient les salaires les plus bas, les plus modestes. Leur part dans le gâteau salarial s’effondrait, avec notamment des mécanismes de remplacement des postes de travail par des machines informatisées, et des mécanismes de remplacement dans la globalisation par des salariés encore moins payés ailleurs. La globalisation a accélérée tant la baisse des salaires dans le revenu mondial que la hausse de la part des très hauts salaires dans la masse salariale globale au détriment du plus grand nombre.

Les calculs en moyenne dissimulent ces évolutions considérables.

Or, les théoriciens de l’inflation par la hausse des salaires ont toujours pris aux préalables une augmentation des bas salaires et des salaires des classes moyennes inférieures, aux faibles taux d’épargne du revenu disponible. L‘augmentation de ces salaires entraîne mécaniquement une augmentation de la consommation, et donc, si la production ne suit pas, une hausse des prix.

Il est donc logique de vouloir baisser l’inflation en s’attaquant aux couches populaires en rendant leur emploi impossible par la hausse des taux d’intérêts, leur chômage baissant le revenu disponible, le niveau de consommation, la demande générale, et donc permettant de revenir à une situation de surproduction et de prix contrôlés.

Or, ces mécanismes ne sont plus ceux des structures de l’économie contemporaine. Et ce, depuis le tournant mondial des années 1981-84.

Contrairement à ce que la passion nombrilisme française laisse à penser, les évolutions du monde économique ont peu à voir avec les décisions autour du SME et de la future monnaie unique européenne des conseillers élyséens de Mitterrand au tournant de la rigueur.

Car le tournant de la rigueur salariale est mondial, brutal, dans ces années là.

Partout dans le monde on voit un effondrement massif de la part des salaires dans la valeur ajoutée et la constitution du PIB. C’est aussi le début de l’augmentation dans ce qui reste du gâteau salarial de la part des très hauts salaires au détriment des plus grand nombre.

La France était seule, contre-cyclique, en 1981-82, dans un monde en pleine transformation libérale, que l’effondrement du rideau de fer et la destruction des économies administrées non alignées, avec l’ouverture des réservoirs abondants de main d’œuvre bon marché asiatiques et des réservoirs abondants d’énergie fossile bon marché arabes et russes, allait transformer en un paradis globalisé pour classes de cadres supérieurs climaticides.

En 1983, l’exotique français engage une résistance dans l’acceptation de l’évolution mondiale. C’est le social libéralisme d’accompagnement où l’on négocie chaque concession au détriment des salariés pour en sauver momentanément d’autres, bataille de sursis des droits et solidarités en retraites permanentes, avec un peuple sentant bien que l’affaire est mal engagée résistant dans la rue contre les accélérations voulues des classes bourgeoises, en 1995-97, en 2005, en 2011, en 2016, en 2018-19.

Face à l’échec des gauches politiques, le peuple s’éloigne de la démocratie – préférant l’abstention – ou l’inverse de la démocratie, avec la promesse neofasciste.

Les inégalités, c’est l’OCDE qui le disait déjà en 2012, il y a dix ans, sapent la cohésion sociale, et la conséquence, c’est de l’instabilité politique, des conflits sociaux et culturels, la remise en cause de l’Etat de droit, et de la démocratie.

L’inflation actuelle n’a pas pour origine un rebond considérable des salaires dans la valeur ajoutée, ni l’augmentation des salaires bas entraînant une augmentation formidable de la consommation.

Quatrième constat : l’augmentation du coût du capital

D’autres études notamment de la Banque de France se penchent depuis une dizaine d’années sur un autre phénomène mystérieux.

Alors que le taux de profitabilité s’améliore, que les impôts sur les entreprises baissent tendanciellement, que la part des salaires et cotisations baissant il y a plus de part pour le capital, le taux de consommation du capital augmente en flèche.

Du coup, les entreprises n’arrivent pas à épargner pour financer leurs investissements et doivent s’endetter pour investir.

En 2022, le premier poste de dette pour les pays du G7 c’est la dette privée des entreprises, et en second lieu des ménages. La dette publique est seulement en troisième position.

La dette des entreprises en France représente 169% du PIB, celle des ménages 69% du PIB, et celle de l’état 110% du PIB, assez proche de la moyenne de l’OCDE (103%).

C’est dans une remarque incise d’un de ces rapports qui n’arrive pas à expliquer ce paradoxe pourtant que se trouve la piste la plus prometteuse d’explication. Comment le capital qui a vu augmenter sa part dans la distribution du revenu mondial progresser de 25 à 40%, et le niveau de redistribution par l’impôt ou la solidarité sociale s’effondrer dans la même période, peut-il être incapable de soutenir son rythme historique d’investissement de longue durée, et obligé de créer de la monnaie pour s’endetter ?

L’une des hypothèses, c’est que l’augmentation de ce que l’on appelle la consommation de capital fixe est l’une des explications macro-économiques de ce fort taux d’endettement: en clair, les capitalistes se rémunèrent en capital plus vite que l’augmentation du taux de marge ou la réduction de la part des salaires ne le permets.

Cette pression à la rémunération en capital est ensuite transmise dans l’ensemble de la chaîne de valeur. Là où une entreprise du CAC40 augmente ses dividendes, poussant à la baisse les salaires de ses collaborateurs, renégociant à la baisse les contrats de ses fournisseurs, elle transmets l’augmentation de la part de son revenu distribué en dividendes en dettes de ses salariés, de ses salariés licenciés et chômeurs, de ses fournisseurs forces de livrer autant pour moins de revenus.

Le coût du capital se transmets ainsi dans toute la chaîne jusqu’à la hausse de l’endettement.

De plus, les mêmes cadres supérieurs qui possèdent des actions augmentent dans ces mêmes grandes entreprises leurs salaires plus rapidement que la hausse de la masse salariale totale de l’entreprise.

Ce revenu salarial est cependant superflu : il n’est pas consommé, mais investi dans un capital rémunérateur en rente : actions, obligations de dette publique, contrats d’assurance vie, immobilier loué.

Une partie de l’effort de financement public pendant la pandémie a justement subventionné non les bas salaires et les petits entrepreneurs, mais leurs propriétaires: en l’absence de fiscalité exceptionnelle sur les revenus du capital, et de mesures légales de plafonnement des loyers et baux commerciaux, les aides financières ont servies à payer loyers et baux, à rembourser dettes et crédits immobiliers. Ils ont alimenté les classes les plus riches en ne restant que très temporairement sur les comptes des classes populaires et moyennes.

Cinquième Constat : la crise s’annonce depuis 2018

La crise économique actuelle commence dès 2018 dans ses prémices, et s’accélère en 2019. Elle ne démarre ni dans l’augmentation des salaires, ni dans la contagion des liquidités monétaires à l’économie réelle, mais par des pénuries matérielles et agricoles, et des coûts croissants pour l’économie mondiale des accidents climatiques.

La forte concentration liée à la globalisation a fait en effet exploser à la fois la notion de gestion stratégique des ressources rares ou vitales, mais aussi la notion de contrôle des monopoles privés, pourtant connus depuis au moins les crises des années 1870-1909 comme de profonds facteurs de perturbations susceptibles d’entraîner un effondrement mondial.

La crise financière et économique de 1909 est oubliée. Elle fut pourtant dans son ampleur comparable à celle de 1929 et l’un des facteurs explicatifs de la première guerre mondiale. L’une des réflexions pour la résoudre fut de casser des sociétés monopolistiques, les trusts, capables déjà de s’opposer à des nations entières.

Nous revivons ici des éléments de crises déjà connus depuis 1909.

Par ailleurs, la crise pandémique n’est pas un “fait de Dieu”. Cela faisait quelques décennies que l’OMS mettait en garde contre la possibilité d’une telle pandémie. Il est d’ailleurs remarquable que les pays de la globalisation heureuse ont refusés de mettre en place entre janvier et février 2020, avant que l’épidémie soit pandémique, les mesures prévues par l’OMS pour ne pas “gêner le commerce”. Les confinements de mars-juin 2020 en furent la récompense…

La crise pandémique n’a pas améliorée la situation d’endettement des entreprises, des ménages, des administrations. La méthode la plus économique pour réduire l’endettement, c’est l’inflation.

Mais l’inflation que nous connaissons n’a pas pour origine une contagion des niveaux de dettes non plus.

Non : c’est d’abord les pénuries de composants manufacturés, et la désorganisation des chaînes logistiques avec la Chine et une partie des pays asiatiques suivant une politique de zéro Covid, sur fond de réaction autoritaire des classes bureaucratiques face à la montée des classes capitalistes en Chine, qui entraînent un effondrement des taux de profit et une pression inflationniste dans la chaîne de valeur.

La réaction aurait dû être un investissement considérable et immédiat pour 1. Rapatrier les capitaux, c’est en cours suite au congrès du PCI mais avec des décotes considérables 2. Relocaliser les productions et les compétences technologiques, pour retrouver de l’indépendance industrielle et répondre aux pénuries (“ça prends du temps !” Pas si on passe en économie administrée de guerre, comme entre 1939 et 1945 au Royaume Uni et aux États Unis) 3. Miser sur l’innovation en remontant massivement les budgets de recherche publique et fondamentale.

Cela aurait pu être une mission pour la commission européenne, si elle n’avait pas été autant vérolée par des commissaires corrompus libéraux, accros au gaz russe.

Sixième constat : le coup de grâce de la guerre impérialiste russe en Ukraine

Car le troisième choc inflationniste, qui commence d’ailleurs dès l’été 2021, c’est l’enchérissement des coûts de l’énergie.

Tout le transfer en cours des revenus salariaux vers le capital depuis le milieu des années 1970 et l’accélération du début des années 1980, poursuivie depuis, me peut s’expliquer uniquement par des tartes à la crème (la révolution de l’information, les technologies, les réseaux sociaux, la microélectronique).

Non, tout est intimement lié à la question énergétique – et par conséquent déterminant de la crise climatique.

La globalisation est impensable sans une énergie carbonée abondante et bon marché, avec des crises à répétition autour de son coût, créant des effets d’aubaine et des crises d’inflation importée, ou, par l’effondrement de son coût, des relances par la demande.

L’un des exemples les plus contemporains de cette interdépendance est l’économie allemande entre 2006 et 2022 et par conséquent l’économie européenne. Il y a une corrélation entre les performances économiques de l’Allemagne et les coûts de l’énergie. D’ailleurs, la crise européenne de 2012-2013 crée par la décision stupide de faire de l’austérité budgétaire beaucoup trop tôt après la crise financière de 2008, est arrêtée par l’effondrement des prix de l’énergie fossile, sur fond d’effondrement des filières industrielles européennes du photovoltaïque.

L’Europe, qui s’est mise toute seule en 2013 en récession avec le traité Merkozy, choisit le pétrole et le gaz pas cher comme énergie de relance, et toute la prospérité relative des classes supérieures européennes de la période 2014-2020 est le résultat de ce choix.

Cela explique l’absence de réactions sérieuses face à l’annexion de la Crimée par la Russie, le refus de solidarité européen à la France attaquée par des terroristes islamistes financés et armés idéologiquement dans les petromonarchies, mais aussi l’accélération considérable des émissions de CO2 en dépit des différents engagements climatiques des uns et des autres, l’Europe exportant en Chine la production carbonée des biens et services qu’elle revends.

Des 2021 la reprise à la hausse des prix de l’énergie aggrave le rhume déjà engagé de l’économie allemande. En novembre, à la présentation du contrat de coalition, le ministre écologiste de l’économie se félicite, avec le ministre des finances libéral et le chancelier social-democrate, d’un plan pour multiplier par 10 les importations de gaz russe et accélérer ainsi la “transition énergétique” et sortir du charbon.

C’est se féliciter d’épouser Charibde pour éviter Scylla.

Trois mois plus tard, ce plan volait en éclats sanglants, dans l’incendie du plus gros avion cargo de l’histoire, et le retour du compagnon de la concurrence des Nations, la fille du mariage de la compétitivité et du commerce, la guerre.

La Russie ne veut pas seulement repousser une OTAN plus tigre de papier que menace réelle – rappelons que la Turquie en est membre, que Trump l‘a laissée en “état de coma cérébral” (Macron fin 2019) – mais surtout mettre la main sur le grenier à céréales du monde.

On découvre ainsi que le mouvement de la globalisation est tellement absurde que les agriculteurs du monde entier dependent des semences de blé ukrainiennes, où l’allemand Bayer, propriétaire de Monsanto, a pré-empté des terres céréalières, que les épinards français viennent du Canada, que les poulets malaisiens sont en réalité produits en Thaïlande avec des tourtes produites à base de reliquats de céréales ukrainiennes, que la spécialisation agricole ne permets plus à des pays riches en terres arable de maintenir leur indépendance alimentaire !

Mais à quel niveau de stupidité géopolitique la cupidité nous a t’elle donc bien réduite !

Ce n’est pas seulement donc les prix du gaz russe qui augmentent. Il est depuis coupé en grande partie du marché mondial, y compris du marché de la contrebande.

C’est l’ensemble des prix des matières premières de la globalisation.

Les 18 thèses

1. L’inflation actuelle n’est pas monétaire.

2. Elle n’est pas la,conséquence d’une augmentation des salaires et donc de la consommation. Au contraire, les salaires n’ont jamais été aussi bas dans le partage du revenu mondial, et à l’intérieur des salaires, la part des salaires modestes pourtant à la plus forte consommation du revenu disponible.

3. Le coût premier qui a explosé, c’est celui du capital avec une augmentation considérable du taux de consommation du capital fixe, par les dividendes, les rachats d’actions, les instruments de transfer du capital en revenu des capitalistes.

4. À la limite, on peut y voir une réponse à des taux d’intérêts des dettes publique si bas que le taux de rémunération de la rente baissant, les capitalistes se sont jetés sur la consommation du taux d’augmentation de la part de capital dans le revenu mondial.

5. Mais l’augmentation du taux de rendement des placements financiers et immobilier entre 1990 et 2020 contredit cette explication.

6. C’est bien plutôt la baisse de la fiscalité sur les entreprises et le revenu du capital, ainsi que l’abandon des mécanismes de redistribution sociale des revenus qui expliquent l’augmentation sans limite du taux de consommation du capital.

7. C’est le premier facteur inflationniste.

8. Le second est la conséquence des dérèglements structurels induits par la globalisation sans fiscalité mondiale ni redistribution mondiale entre régions dans un contexte de monopoles de plus en plus croissants .

9. Monopoles et inflation des revenus du capital alimentant une explosion de la dette privée, et par conséquences, notamment avec la baisse des impôts de production, sur le capital et les hauts revenus, une hausse de la dette publique.

10. Le coût social et financier de ce mode de production et d’échanges commençant à être présenté par un changement climatique en pleine accélération – chaque année, le coût des cyclones ou des incendies se chiffre à plusieurs centaines de milliards, entraînant une crise de l’assurance mondiale – des chocs inflationnistes climatiques entrent dans la chaîne de valeur. La pandémie de Covid-19 peut être considéré comme une des conséquences de l’indifférence aux risques de la crise du vivant induite par la globalisation.

11. La guerre est une conséquence, avec la montée des neofascismes, et la réaction autoritaire du Parti communiste chinois comme des régimes islamistes, du mécontentement mondial des classes salariées qui depuis 50 ans sont les dupes de la globalisation.

12. Celle-ci entraîne une accélération de l’inflation inéluctable des coûts de l’énergie, donnant le coup de grâce a la globalisation heureuse.

13. L’inflation actuelle en Europe et aux États Unis ne peut être combattu par la restriction des masses monétaires et le pilotage volontaire dans une récession.

14. La hausse des taux d’intérêts est l’une des mesures les plus stupides dans ce contexte que l’on pouvait imaginer.

15. La réponse passe par un rééquilibrage de la part du travail dans le revenu mondial par une hausse considérable de la fiscalité du capital et des hauts revenus en vue de redistribuer le revenu par l’investissement public dans la relocalisation, la diversification alimentaire localement, la reconquête de l’indépendance alimentaire et énergétique, et la transformation de l’économie.

16. La casse des monopoles est inéluctable.

17. Seulement ainsi peut on reconquérir les classes populaires, les plus nombreuses et donc les classes censées construire les majorités démocratiques, à la démocratie.

18. Oui, sortir de cette crise signifie exproprier par l’impôt les Musk et les Bezos.

C’est ce que j’appelle la République sociale mondiale.

C’est la seule révolution possible pour sauver la démocratie.

L’alternative, c’est la victoire des neofascismes, les guerres à répétition, et par conséquent, par l’établissement d’économies de guerre administrés par les fascistes, exactement la même politique fiscale que je décris, mais non au service du bien commun, mais d’une clique, qui utilisera l’impôt comme outil d’enrichissement personnel.

La reconquête du revenu mondial par la fiscalité est inéluctable. Restons maîtres de nos choix en choisissant la République.

Commençons par la République sociale en France et en Europe.