Bigoterie chrétienne et analyse matérielle : l’écologie politique doit cesser d’être un idéalisme religieux, et s’attaquer aux causes matérielles.

août 29, 2022 0 Par Mathias Weidenberg

Suite à une interpellation sur un de mes statuts, et après une enieme déclaration d’une députée EELV posant un certain nombre de sujets idéologiques cohérents à coup de provocations médiatiques, la question que doit se poser la gauche française est celle-ci :
Souhaite t’elle que la classe salariée française soit du côté des Dalits et des agriculteurs indiens connaissant depuis une décennie une épidémie de suicides, des ouvriers indiens morts sur les chantiers du Qatar, des ouvriers et salariés précaires roumains et bulgares conduits en camionnettes dans des foyers pour travailleurs étrangers loués par les employeurs à leurs employés pour travailler sans protection sanitaire ni respect du droit du travail dans des abattoirs allemands,
Ou souhaite t’elle que cette classe salariée perçoive les classes populaires dont elle partage les conditions d’exploitation économique et le destin climatique comme des concurrents et soit rejetée dans le camp des exploiteurs?

Dire à un ouvrier Français qu’il est un macho climatophobe parce qu’il fait des brochettes ou un méchoui, c’est lui dire que son camp, s’il veut protéger dans son mode de vie la convivialité et l’hospitalité donnée par l’invitation à partager un repas, redonnée en acceptant l’invitation à partager un repas, c’est celui de ceux qui volent en jet privé tous les deux jours.
C’est lui dire que l’extrême droite protègera mieux son mode de vie que l’écologie politique.

Ce n’est pas travailler à une conscientisation des rapports de force matériels et économiques, qui déterminent aujourd’hui tant les modes de vie, les conséquences climatiques et les niveaux de consommation, mais travailler dans une mystique idéaliste de bourgeois inconscients de leur propre surmoi chrétien-evangelisateur.
Sandrine Rousseau est comme ces prédicateurs, il y avait des femmes dans le lot, qui en pleine crise économique et démographique – un tiers des européens morts – de la guerre de trente ans lançaient la chasse aux sorcières, et brûlaient des milliers de femmes, et aussi des hommes, plutôt que de s’interroger sur les raisons de cette guerre terrible, annonciatrice des conflits et des systèmes genocidaires de l’Europe au XXeme siècle.

CAr faire porter la responsabilité des événements du monde sur la responsabilité individuelle, c’est foncièrement du bigotisme chretien.

Le gauchisme infantile d’une partie de la gauche française qui ne parle jamais de capitalisme, ou seulement comme un prétexte, est dans son fond un idéalisme religieux.
Cela est profondément contre productif.

Sandrine Rousseau est l’assurance politique que les classes populaires sont mieux protégés des désordres du monde avec l’extrême droite et même Macron. Son niveau de récit du monde est une lamentable bigoterie.

Pourtant, le récit du monde est matériellement lisible et visible. Les systèmes d’exploitation peuvent emprunter comme une méthode l’exploitation pour faire de la viande un outil d’accumulation du capital par une minorité. C’est l’exemple que j’ai donné plus haut – où les pasteurs de Basse Saxe qualifient les conditions de travail dans les abattoirs de « moderne esclavage », où la famille Tonnies qui contrôle une bonne partie de ces méga-abattoirs est aussi connu pour ses fraudes fiscales.
Rappelons d’ailleurs que le président d’honneur du FC Bayern, Dieter Hoeness, un ancien footballeur professionnel, a fait fortune dans la saucisse pour barbecue après sa carrière, et accéléré son processus d’accumulation du capital en fraudant le fisc. Il a d’ailleurs lui fait de la prison ferme.

Il est tout à fait légitime d’en tirer une critique de l’économie a-sociale de la viande industrielle.
Mais alors, tirons la bobine de fil.
L’Allemagne, justement, a avec Merkel dès 2014, en alliance avec la Grande Bretagne, tout fait pour faire disparaître le système d’approvisionnement des banques alimentaires en Europe pour les plus démunis par les excédents de la PAC. L’idée était de s’attaquer aux rentes des agriculteurs français et … roumains.
Dans là foulée, l’Allemagne a décidé de désobéir à l’Europe en refusant les directives sur le nitrate et la protection des nappes phréatiques, permettant la constitution de mena-usines à porcs en Basse Saxe. Celles-ci ont mis à genoux les éleveurs, qu’ils soient industriels ou traditionnels, bios ou pollueurs, de Bretagne.
Les agriculteurs roumains voyant la fin des débouchés du PEAD et la fin des subventions aux jachères, merci la aussi Merkel, ont donc dû chercher d’autres subsistances, et se sont retrouvés, avec la directive des travailleurs détachés, dans ce système saisonnier de « moderne esclavage ».

De toute cette chaîne de valeur devaient sortir de la,viande de mauvaise qualité à des coûts environnementaux, et la souffrance animale autant que celle des ouvriers surexploités, pas chère, et à forte marge.
Le pas cher était au cœur de la stratégie déflationniste des produits de première consommation des classes populaires européenne pour maintenir la pression à la baisse des salaires.
Dans le même temps, les marges construites sur les bas salaires, les mégas usines, les nitrates, l’absence de protection environnementale ou sanitaire – on a découvert les conditions de vie en 2020 des travailleurs lorsque ces usines sont devenues des clusters Covid géants – ont alimenté l’envol des dividendes.

Entre 2011 et 2022 les dividendes s’envolent partout en Europe, sans aucune relation avec l’évolution réelle des économies ou des performances des entreprises.
La France fut ici le pionnier de cette gigantesque prédation économique des salariés de France. La France paye plus de 30 milliards de plus ses actionnaires que l’Allemagne.
Le coût du capital est exorbitant.

Ces dividendes, c’est aussi le refus obstiné de l’investissement – la décadence de la recherche et du développement, la rente sur les marges comprimées en réduisant les salaires plutôt que par l’innovation.

Conséquence : en 2022 les salaires et le pouvoir d’achat des salariés européens s’effondrent en termes réels hors inflation.
Les dividendes des actionnaires eux progressent encore.

Ça, c’est le récit matérialiste : le riche mondial fait la guerre à TOUTES les classes populaires du monde entier. C’est tout un système qu’il a construit pour assurer sa jouissance sans frein.
Petite anecdote : en Turquie, la guerre à chassée 2 millions de réfugiés syriens.
Tous les jours, les champs Élysées d’Istanbul se couvrent de riches syriens – ce sont des touristes, venus dépenser l’argent du pillage de leur pays dans les belles boutiques avant de rentrer à Damas. Ils côtoient les riches touristes … russes.

Les riches du monde partagent les mêmes intérêts.
Et par conséquent, ils sont les adversaires d’une vie digne et heureuse pour le reste de l’humanité.
C’est là, le symbole phallique à détruire : celui des classements Forbes.

La morale bigote doit laisser la place à l’analyse matérielle.

En référence, un article supposé prouver que la morale écologiste de la culpabilité et du péché n’emprunte pas à la religion chrétienne, qui en réalité, démontre la pertinence de l’analogie : https://www.tetralogiques.fr/spip.php?article174