En Europe
Il y a 3000 ans, des commerçants, contrôlant les relations commerciales sur la Méditerranée, partaient de ports au Liban, dans le nord d’Israel, en Syrie, et créaient des comptoirs puis des colonies en Anatolie, en Espagne, en Sardaigne. Ces commerçants nous ont légué l’alphabet avec lequel j’écris.
Une étude des isotopes des cargaisons d’argent retrouvées dans des jarres et récipients en céramiques échoués ou enfouis ont permis à une équipe de chercheurs de l’université de Haïfa de confirmer une hypothèse à cette colonisation : les phéniciens cherchaient et contrôlaient la chaîne d’extraction minière, de transformation et d’exportation de métaux précieux demandés dans tout le monde méditerranéen et proche-oriental.
https://www.pnas.org/content/early/2019/02/15/1817951116
On a trouvé des métaux phéniciens jusque dans Babylone, la grande métropole, creuset de civilisation, pendant 2000 ans. C’est ce mouvement des phéniciens qui fait entrer l’Europe, bien avant les Grecs, dont le premier mouvement historique échoua dans l’effondrement des cultures mycéniennes et minoenne et l’oubli de l’écriture, dans l’histoire.
On raconte que les phéniciens allèrent jusque dans les îles britanniques, dont ils achetèrent plomb, argent et zinc!
Justement, en Angleterre, le principal parti d’opposition a annoncé être favorable, sous conditions, à un second référendum sur le Brexit. Les conservateurs ont en effet négociés médiocrement, et ont été bien plus soucieux de politique intérieure que de définir les relations entre la Grande Bretagne et l’Union Européenne, mettant en danger l’équilibre commercial du royaume et la paix en Irlande du Nord pour garantir May à Downing Street.
Jeremy Corbyn a remporté une victoire électorale inattendue il y a un an, en faisant tomber la majorité conservatrice au parlement, sans cependant pouvoir bénéficier d’une majorité alternative. Il a, malgré le départ de 7 intriguant neoblairistes qui n’ont jamais accepté la victoire de l’aile gauche du parti, maintenu l’unité du Labour. Ce second référendum vise surtout à bloquer un accord de sortie de l’Union jugé « de droite, austeritaire et injuste », et non sur la logique même du Brexit. Il sanctionnerait l’incapacité des conservateurs à mettre en œuvre la volonté du peuple britannique exprimée au premier référendum. Corbyn veut aussi ainsi éviter à tout prix un Brexit sans accord ordonné.
Theresa May fait également face à une scission de son propre parti. Les députés conservateurs pro européens commencent à comprendre que les intrigues pour rester au pouvoir a tout prix les entraînent vers une voie non désirable. En perdant 3 députés, la majorité de May se réduit à seulement 3 sièges.
En Allemagne, pendant ce temps, le SPD tente un renversement radical de doctrine, rejetant loin de lui l’agenda 2010 et les réformes Hartz, plaidant pour un « nouveau pacte social » renouant avec la vision solidaire de la social-démocratie véritable.
Scholz, le vice-chancelier en charge des finances, ancien maire très droitier de Hambourg où il protégea avec constance les banques et leurs turpitudes, déclare hier ainsi que l’enseignement des 10 dernières années, c’est l’importance de mener des politiques de cohésion sociale, conservant la confiance dans la démocratie, pour éviter les clivages et affrontements que l’on voit dans « d’autres pays », citant la victoire de Trump ou du Brexit comme symptômes, et ajoutant « aussi d’autres pays » en pensant très fort à la France des énuclées, des estropiés, des 2000 opposants emprisonnés, et de l’extrême-droite portée à 35% des intentions de vote.
C’est que le fond de l’affaire est là : la démocratie ne se nourrit pas de la satisfaction puérile de tableaux statistiques, ni de politiques privilégiant un tiers de la population contre les deux tiers, même si un système électoral et une constitution portant faussement les mots de « République » et « Démocratie » permettent à ce tiers de bien heureux de contrôler les institutions. Elle se nourrit d’une réflexion permanente, confrontation, on disait d’une dialectique autrefois, associant l’ensemble du corps social à la définition de son avenir, et maintenant la notion de cohésion devant les artifices populistes de « l’ordre ou le chaos ».
C’est ce que jamais les marchistes ne voudront admettre. Ils assument jusqu’à la caricature la logique autoritaire au cœur de la cinquième république, née elle-même suite à un putsch militaire soutenu par l’extrême-droite, et renouent finalement avec les traditions de domination bourgeoise contre la démocratie et la souveraineté populaire, dans l’esprit des deux criminels bonapartistes, du boulangisme, du maurrasisme, du petainisme.
L’Europe, qui voit le parti populaire croate quitter le Parti Populaire Européen suite à la tolérance de celui-ci à l’antisémitisme du premier ministre hongrois, est à la croisée des chemins.
Régimes autoritaires, ou renouveau démocratique, donc social?
La France malheureusement a choisi le camp autoritaire. Le renouveau viendra d’ailleurs.