Macrorban
Et une tribune dans 27 journaux
Un grand débat national organisé sans opposition parlementaire, un débat parlementaire réduit à l’enregistrement d’ordonnances, une condamnation sans limite de la violence contre ses amis, une complaisance complice aux violences contre l’opposition, voilà les attributs du plus grand démocrate européen.
Sa tribune, épousant les thèses de l’extrême droite sur l’immigration, définissant la « protection des peuples » non par celle contre la cupidité sans limite d’une classe ayant déjà acceptée les conséquences les plus dramatiques du réchauffement climatique et s’y préparant avec son capital accumulé, non par celle contre les ravages de l’idéologie de la compétition contre la solidarité des nations européennes, non par celle contre les conséquences de la pauvreté grandissante des salariés sous la pression des marges decroissantes d’un système inhumain, mais par celle contre les pauvres bougres fuyant la guerre, les inondations, la faim provoquée par le capitalisme lui-même.
Il y définit un projet européen sanctionnant l’echec, son échec personnel, isolé comme jamais, de son discours de la Sorbonne. C’est que ce démocrate européen ne sait pas débattre, construire des compromis et des consensus, il ne sait que cliver, insulter, provoquer.
Enfin, il souhaite militariser l’union, non pour préparer la paix, mais bien la guerre. Car c’est bien la seule issue possible pour cette classe là : il faut la guerre contre les pauvres intérieurs, que mène Castaner avec une remarquable brutalité et une grossièreté antidémocratique rappelant le dernier ministre président de la Prusse lorsqu’il réprimait communistes et socialistes, et il faut la guerre contre les pauvres extérieurs.
La guerre contre les pauvres, réponse au défi climatique
On nous y prépare : la population doit se réduire, les ressources naturelles ne permettent pas de nourrir tout le monde, et la décroissance implique aussi le décès prématuré de quelques milliards d’humains.
Les études pointent les pauvres incapables de réduire leur fécondité, d’adapter leur alimentation ou leur consommation aux nouvelles exigences de la morale écologique.
Les écologistes français l’ont bien compris, les allemands, dont l’électorat en septembre 2017 était le plus riche en moyenne de tous les partis, devant même les liberaux : l’écologie politique prête à s’allier à en marche, à la droite, ne veut surtout pas changer les principes du système de production économique. Il s’agit d’aider les classes aisées à avoir bonne conscience lorsque la guerre contre les pauvres sera mené.
La guerre contre les pauvres n’est pas un humanisme
C’est bien sûr des logiques inhumaines, l’inverse de l’universalisme humaniste qui animent tant la tribune européenne de Macron que les discours si conservateurs de l’ordre social, et même, dans certaines franges se croyant gauchistes, conservateurs de l’ordre religieux, des écologistes et de certaines consciences morales autoproclamees.
Et ce monde serait un rempart au « national-populistes »? Mais ils en sont bien plutôt les chevaux de Troie, abimant consciencieusement et avec une obstination besogneuse tout ce qui construit le pacte social autour de l’idée démocratique, préparant tous les instruments juridiques et administratifs de régimes autoritaires sous l’apparence de la République, et conservant, comme le souhaitent également leur soi disant ennemi déclaré, l’ordre social.
Orban ou Macron se différencient à la marge, et surtout, représentent deux bourgeoisies concurrentes en Europe. Aucune des deux n’est véritablement attachée à la démocratie ou à la cohésion sociale.
Au contraire, toutes les deux ont besoin du désordre social pour accéder au pouvoir.
Les seuls pays où un espoir subsiste sont ceux où les gauches politiques tournent le dos à des clivages nés en 1918, en 1947, en 1958 ou en 1989, sanctionnent leurs égarements des années 90 et 2000, infiltrés qu’ils étaient par des colonnes de socioliberaux au service de bourgeoisies minables et égoïstes. Mais leur transformation tardive est insuffisante encore.
Terra Nova théorisa en France l’expansion de ces colonnes antirepublicaines car antisociales au sein même du PS, préparant le marchisme sur le cadavre du Socialisme français, mouvement dont le précurseur fut la fondation progressiste des Clinton, et leurs alliés du texte de la troisième voie, initiant l’abandon des classes populaires et moyennes aux national populistes. Voilà maintenant le résultat : choisir entre l’ultracentrisme autoritaire ou le national populisme autoritaire ne serviront ni la démocratie, ni la justice sociale, ni l’idée européenne, ni même la lutte contre le dérèglement climatique.
Non, tout cela n’aide pas l’idée européenne mais prépare bien plutôt la guerre européenne contre les pauvres. Il faudra choisir: être criminel, ou digne, mais victime.

Comme les mains arrachées, les yeux crevés, les estropiés amusent les marchistes, en 1525, brûler vif les meneurs des révoltes paysannes amusait les marquis.