Des inconnus ont incendié dans la nuit de samedi à dimanche, par – 8 degrés, deux des trois bus de l’association venant en aide la nuit aux sans logis à Berlin.
Chaque nuit, ces bus sauvent des vies.
Acte de bêtise humaine, ou acte conscient, volontaire, méchant, s’en prenant à la mission caritative dans le cadre d’une idéologie de haine sociale ?
Peu importe : depuis 24 heures, la solidarité des gens qui croient en l’humanité s’est mobilisée.
Cela fait plus de 15 ans qu’à mon humble niveau je soutiens les banques alimentaires de Banque Alimentaire Bordeaux Gironde et de Berliner Tafel e.V..
Il est aberrant que nos sociétés, riches statistiquement, produisent encore en 2025 pauvreté alimentaire et exclusion du logement.
En Allemagne, malgré les excédents commerciaux plantureux accumulés en 16 ans, le taux de pauvreté de 2025 est le même qu’en 2007, à 15,5%.
Entre ces deux dates, il a augmenté jusqu’à 16,7% (2017).
L’un des phénomènes les plus délétères pour la démocratie, c’est le décrochage du taux d’emploi et de la prospérité individuelle : le taux de pauvreté reste élevé alors même que le taux de chômage est passé de 8,8% en 2007 à 3,9% en 2025.
Et pourtant, le PIB par habitant est passé de 32 à 50 000 euros.
Comment s’étonner dès lors que tant de classes sociales se détournent des promesses de la démocratie sociale ?
Alors même que la richesse nationale augmente, les discours politiques nous enferment dans des jeux à somme nulle : si on investit ici, il faut prendre là. Si on habille Pierre, on déshabille Paul.
Dès lors, les choix politiques de beaucoup consistent à d’abord refuser à Pierre (ou Paul) quoi que ce soit. La perception s’installe : si on aide un pauvre, on me prends à moi. Si on augmente les aides, on me prive de quelque chose. Si on investit, on me vole mon épargne.
Les bus de la maraude berlinoise ne coûtent rien aux autres classes sociales. Si l’attaque était intentionnelle, elle illustre le risque de ce discours à somme nulle.
Nous ne sommes pas dans un jeu à somme nulle : de 30 à 50 000 euros la richesse globale a augmenté.
Mais nous n’avons pas su investir en Europe les montants des excédents, nous n’avons pas pensé à rééquilibrer le rapport entre épargne surabondante et demande anémiée.
Nous avons également été trop sourd à l’effet désastreux pour la cohésion sociale de la spéculation immobilière et l’augmentation du coût des loyers.
(Sources de mes chiffres : #Paritätische Wohlfahrtsverband, #Armutsbericht 2025).
L’obligation morale, pour celles et ceux qui possèdent, est aussi d’investir dans la paix sociale. L’article 14 de la Grundgesetz le dit : la prospérité nous donne des devoirs supplémentaires.



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